Arduino : toujours aussi ludique, toujours plus pédagogique

Quoi de mieux que le concret et le ludique pour apprendre ? Avec Arduino, les professeurs, les étudiants, les makers et bien d’autres disposent d’un tel outil. Accessible et complètement évolutif, le célèbre concept de carte contrôleur continue d’ailleurs de réunir une large communauté.

Et chez les francophones, Jean-Christophe Quetin est une référence. Son blog arduiblog.com regorge de ressources mais il partage aussi son expertise dans des ouvrages ENI comme « Arduino – Apprivoisez l’électronique et le codage » dont la 3^e édition sort en ce mois de juillet 2023. L’occasion de revenir sur le monde de l’Arduino et le DIY (Do-It-Yourself).

ENI : Quelles sont les grandes nouveautés de cette édition comparé à la précédente de 2021 ?

Jean-Christophe Quetin : D’abord, le chapitre qui parle des modèles d’Arduino autres que le UNO a été complètement réécrit avec de nombreux exemples qui mettent en avant leurs principales spécificités.

Il y a aussi la présentation d’un nouveau robot (avec des roues Mecanum), l’utilisation d’une vraie télécommande de véhicules radiocommandés (FS-i6X), la fabrication un panneau d’affichage avec des LED RGB (Neopixel) ainsi que l’ajout des capteurs de température DHT11 et DHT22. J’ai aussi repris un article de mon blog qui expliquait comment fabriquer un détecteur de CO2.

ENI : Lors de notre dernier entretien, vous aviez évoqué les prochaines évolutions en expliquant que “L’Arduino UNO est fiable, robuste, son format est pratique et il convient parfaitement à la plupart des projets. Alors pourquoi en changer ?” Le futur vous a-t ’il donné raison ?

Jean-Christophe Quetin : Oui, l’Arduino UNO (R3) est toujours le plus utilisé. Mais cela va peut-être bientôt changer parce qu’une nouvelle version (R4) sort justement cet été (entretien réalisé le 30 juin, NDLR).

ENI : Quelles évolutions techniques sont attendues ?

Jean-Christophe Quetin : Il utilise un autre microcontrôleur plus puissant. Il y a une version de base (qui ressemble beaucoup à l’ancienne version), ainsi qu’une autre mieux équipée avec WiFi et matrice de LED. C’est une évolution, mais ce n’est pas une révolution, le code et les branchements décrits dans mon livre pour l’Arduino Uno R3 fonctionnent toujours avec l’Arduino Uno R4.

ENI : Il y a deux grands pans dans la conception autour d’Arduino, le matériel et le code. Sur ce dernier plan, pouvez-vous en dire plus sur les langages blocs et Arduino ? Est-ce simple de s’y mettre lorsque l’on vient de langages plus techniques ?

Jean-Christophe Quetin : Les blocs sont parfaits pour débuter, ils sont intuitifs et permettent de visualiser facilement la structure d’un programme court. Mais forcement le langage est limité aux blocs prévus par les concepteurs.

Le langage sous forme de texte est adapté aux utilisateurs un peu plus expérimentés. Il peut être un peu rebutant au début mais il est plus concis et surtout il offre bien plus de possibilités.

Des blocs Scratch convertis en code Arduino

Les Makers intègrent aussi l’IA

ENI : La plateforme est particulièrement utile pour l’apprentissage de l’électronique et du codage. Devrait-il plus s’insérer dans les cursus scolaires et éducatifs ?

Jean-Christophe Quetin : Oui, l’apprentissage du codage est maintenant enseigné par les profs de math avec Scratch et Python notamment, mais l’électronique, et le bricolage en général, sont toujours négligés. Et malheureusement, la suppression de la technologie en 6ème montre que cela ne va pas dans le bon sens.

ENI : À l’heure où l’IA et la data semblent écraser le monde de l’IT, Arduino et sa communauté, et au-delà l’ensemble des makers, a-t-il toujours autant d’attrait et d’intérêt ?

Jean-Christophe Quetin : Oui, justement. Les Makers aiment comprendre et s’approprier les nouveautés technologiques. Alors forcément, certains intègrent déjà l’intelligence artificielle dans leurs bricolages. Il y a par exemple un poulailler équipé d’une caméra “intelligente” pour prévenir que les poules ont pondu (avec éventuellement l’envoi d’une photo !). On pourrait imaginer énormément d’utilisations amusantes qui utilisent l’IA.

J’aimerais bien fabriquer un pistolet à eau qui tire tout seul sur le chat des voisins lorsqu’il essaye de faire sa crotte dans mon jardin (et pourquoi pas, avec en plus la vidéo) !

ENI : Les modes de communication d’Arduino font l’objet d’un chapitre dédié. Les possibilités sont nombreuses, du Bluetooth à l’USB en passant par le Wifi. L’Arduino est-il seulement limité par l’imagination ?

Jean-Christophe Quetin : L’Arduino est évolutif. Si demain un nouveau mode de communication apparaît, il suffirait simplement d’installer la bibliothèque et de le relier au module correspondant pour qu’il soit compatible.

Pour débuter, choisissez l’Arduino UNO

ENI : Programmer un Arduino, cela apprend quoi ?

Jean-Christophe Quetin : Il est possible d’apprendre à programmer derrière son écran, mais avec l’Arduino vous avez un véritable objet qui peut interagir avec vous dans la vraie vie. Il peut mesurer la température, allumer la lumière, animer une maquette etc. Cela apprend simplement à fabriquer soi-même des objets originaux qu’on ne trouvera jamais dans le commerce notamment.

L’Arduino R3

ENI : Comment s’y retrouver dans les multiples références d’Arduino ?

Jean-Christophe Quetin : Si vous débutez, choisissez l’Arduino UNO. C’est le plus courant et il est évolutif. Ensuite, cela dépend de vos besoins, peut être qu’un autre modèle conviendrait mieux à votre projet.
C’est pour cela que je détaille les autres modèles d’Arduino dans le 10ème chapitre, c’est d’ailleurs une des nouveautés de cette 3ème édition.

ENI : Outre votre blog Arduiblog.com, quelles autres ressources vous semble particulièrement utiles pour commencer en Arduino ? Et pour se perfectionner ?

Jean-Christophe Quetin : L’Arduino est tellement présent sur internet, qu’il suffit de taper sur un moteur de recherche : “Arduino” suivi de la référence du composant que l’on veut utiliser pour obtenir des dizaines de tutos.

Jean-Christophe QUETIN possède une formation de base en informatique et a travaillé dans la maintenance informatique et la formation des utilisateurs en collège, lycée et cyberbase. Attiré dès sa jeunesse par la construction de kits électroniques, il s’est toujours passionné par tout ce qui touche aux nouvelles technologies. Après avoir écrit la première édition de ce livre en 2018, il poursuit deux ans plus tard avec l’écriture d’un second livre, paru aux Editions ENI, sur la carte micro:bit. Il anime également le site arduiblog.com (ainsi que la chaîne YouTube du même nom) sur lequel il partage sa passion pour les cartes de développements.

Jean-Christophe Quetin

Notre expert Arduino (entre autres)