Corinne Hervo : “le livre aura toujours sa place”

03/03/2023 | Paroles d’experts, Portraits d’experts

Temps de lecture  7 minutes

C’est l’une des gardiennes du temple ENI. Après des débuts à l’école en tant que stagiaire puis formatrice et quelques ouvrages à son actif, Corinne Hervo est depuis plus de vingt ans, responsable éditoriale aux Editions ENI.

Le parcours de cette amoureuse du Livre en dit beaucoup sur le groupe mais aussi sur l’évolution des contenus et des supports. Avec toujours le même maître-mot : qualité.

ENI : Quel est ton rôle chez ENI ?

Corinne Hervo : Je suis responsable éditoriale des contenus dits « non-IT », c’est-à-dire tous ceux qui ne sont pas 100% dédiés aux informaticiens. Ce sont des livres et des vidéos qui couvrent les sujets bureautique, conception Web, webmarketing, CAO/DAO, infographie… J’ai donc la responsabilité du contenus des livres : je dois m’assurer qu’ils correspondent à ce que nous avions prévus en termes de couverture du sujet, de public et bien sûr de qualité, dont je suis la garante.

Relecture d'un ouvrage

Concrètement, quand nous avons choisi un sujet, j’échange avec l’auteur pour lui expliquer ce que l’on attend, écouter ses propositions et m’assurer que son approche correspond au public de la collection. L’auteur me soumet une table des matières, qui est en quelque sorte le fil pédagogique de l’ouvrage, et un essai qui permet de s’assurer que le style d’écriture correspond au public.

Je lui transmets également les règles d’écriture et de mises en forme de nos livres. Nous avons une sorte de « moule » pour chaque type de collection. Si on prend les livres de référence qui expliquent comment utiliser un logiciel par exemple, chaque livre adopte une structure identique, organisée en chapitres thématiques (par exemple, l’impression) et en sections. C’est une collection où on vouvoie le lecteur car on considère qu’on s’adresse directement à lui, un peu comme un formateur en cours ; les titres de section commencent généralement par un verbe à l’infinitif car on considère qu’on explique comment Imprimer, saisir une formule de calcul… Ces règles, nous les avons définies au fur et à mesure, grâce à notre expérience. Personnellement, cela fait 30 ans, donc on sait que ça tient la route.

ENI : Qui choisit les thèmes qui vont faire l’objet d’un ouvrage ?

CH : Il y a deux types de livres, les mises à jour et les nouveautés.

Les mises à jour, c’est assez facile, nous savons si c’est utile et si cela se vend bien.

Pour choisir les nouveautés, c’est un travail collectif, avec les retours des commerciaux, de l’équipe éditoriale, du marketing et bien sûr en fonction des sujets tendances ou qui répondent à un besoin dans l’informatique. Il y a toute une veille autour de l’actu du secteur.

Et puis il y a aussi les besoins des autres entités ENI, comme ENI Service – Centre de formation qui peut développer une offre sur telle ou telle technologie et donc nous amener à penser à un ouvrage ou encore l’école ENI. Tous ces éléments nous aident à voir les besoins. Parfois c’est jackpot et bien sûr, nous nous sommes déjà trompés mais on a la chance de pouvoir se permettre de prendre des risques sur des sujets « qu’on sent bien » .

Corinne Hervo dans son bureau

ENI : Quelle(s) mission(s) se cache(nt) derrière le titre ?

CH : Une fois l’auteur choisi et la table des matières validée, il y a un travail de suivi à mener pour que le rendu soit conforme à nos attentes.

Ma particularité est que je connais pratiquement tous les sujets des livres que je suis. Je pourrais d’ailleurs écrire, je l’ai déjà fait beaucoup de fois !! À la remise du manuscrit, je choisit un relecteur, ce qui est la première étape. Je le fais en fonction du sujet du livre, du niveau de difficulté, de la collection… L’objectif de la relecture, c’est aussi de s’assurer que tout ce qu’il y a dans le livre, les exercices, les manipulations, etc., soient corrects et sans erreur. Le relecteur réalise donc les manipulations décrites dans le livre et ajoute notes et commentaires (que je regarde systématiquement) pour guider l’auteur lors de sa relecture.

Une fois cette étape faite, et les corrections qui vont avec, l’auteur effectue sa relecture que je regarde attentivement. Je m’assure alors qu’il répond comme il se doit aux différents commentaires. Et je ne lâche rien ! Si besoin, je fais des propositions de correction jusqu’à ce que nous soyons d’accord sur la modification à apporter 😊 Dans la grande majorité des cas, cela rassure les auteurs, nous sommes là pour les guider, les conseiller car nombre d’entre eux n’ont jamais écrit et il est souvent nécessaire de faire des ajustements. Mais bien sûr, nous ne faisons rien sans leur accord ! Et c’est ce travail d’équipe qui nous permet de produire des livres de qualité.

C’est la « patte » ENI :  si le résultat est moyen, si certaines parties du livre sont difficiles à comprendre ou autre, on se remet au travail. Car notre objectif, c’est avant tout la qualité du contenu. Et s’il faut repousser la sortie du livre pour en améliorer le contenu, on la repousse.

Je suis également responsable pédagogique sur la bureautique pour le groupe. J’interviens ainsi dans notre solution MEDIAplus pour tout ce qui est scénario, modification, etc. J’explique aussi la pédagogie des composants si nécessaire. Enfin, j’interviens sur le référentiel et les questionnaires de certification que propose ENI.

“Sur écran ou papier, on aura toujours besoin d’un regard pédagogique

ENI : Comment en es-tu arrivée à exercer ce métier ?

CH : C’est une évolution progressive. J’ai passé un DESS Sciences économiques et gestion des entreprises en 1985. À l’époque, c’était les premiers pas de l’informatique et j’avais hésité à faire un DUT en la matière. J’ai quand même voulu me former et j’ai alors fait un stage de « gestionnaire de petits systèmes informatiques » à…. l’Ecole Nantaise Informatique ! Ce fut une révélation.

À la fin du stage, j’avais l’opportunité de prendre un poste à Niort à la chambre de commerce. Philippe Rabreau, créateur et directeur d’ENI, m’a félicité tout en me disant qu’il avait pensé à moi pour un poste de formatrice. J’ai été surprise et deux jours après il me proposait une embauche que j’acceptais !

J’ai donc donné des cours pendant deux ans, sur MS-DOS, Lotus 1-2-3, Multiplan, Framework… Au début des années 90, lorsque nous n’avions pas cours, nous écrivions avec ma collègue Joëlle des classeurs d’autoformation, des cours avec des exercices progressifs. Nous avons regroupé l’ensemble des parties théoriques de ces livres d’autoformation pour en faire des supports de cours au format A4. D’ailleurs, les collections Référence Bureautique et Studio Factory actuelles en sont les héritières.

Mais nous n’étions pas capables d’écrire sur tout. Les autres formateurs s’y sont donc mis. Ma collègue et moi nous sommes alors concentrées sur la mise en forme et, rapidement, sur la correction. Et petit à petit, j’ai pris la responsabilité des contenus avec comme objectif d’imposer le meilleur, la qualité.

Corinne Hervo souriante

ENI : Qu’est ce qui te plaît le plus dans ton rôle chez ENI ?

CH : Ce qui me fait kiffer, ce sont les contenus des livres : tourner les pages, voir que c’est bien écrit… Je suis une passionnée du livre !

La deuxième chose, c’est l’aspect pédagogique. Je ne sais pas si c’est inné mais, même lorsque je connais moins bien un sujet, je repère rapidement ce qui semble « clocher » dans la table des matières que l’on me propose, c’est parfois assez intuitif.

Il y a par ailleurs le travail en équipe qui est très important et tout autant plaisant. Il faut écouter, entendre… Car quand je travaille avec des auteurs, je ne suis pas là pour commander. C’est le mélange de toutes nos connaissances et expériences qui fait que l’on sort des livres top ! Parfois, ce n’est pas comme on voudrait mais, honnêtement, nos livres sont les meilleurs. Je suis fière de ce que l’on fait, fière d’ENI.

Ah, une dernière chose aussi que j’aime, c’est le challenge 😊

ENI : Et ce qui te plaît le moins ?

CH : … Rien ! J’aime tellement ça que quand j’étais plus jeune, j’avais du mal à m’arrêter, je travaillais le week-end et parfois pendant les vacances ! Maintenant je fais plus attention à moi.

ENI : As-tu des anecdotes ou moments marquants dans ton parcours ?

CH : Lorsque Philippe Rabreau est venu dans mon bureau pour me donner carte blanche en tant que responsable des contenus… C’était quelque chose de fort, représentatif de la confiance qu‘il me faisait car, à cette époque, j’avais encore très peu d’expérience.

Et je retiendrais aussi la sortie de nos premiers livres en librairie en janvier 1994. Je m’en souviens très bien car je rentrais de congé maternité. C’était la collection Microfluo, nous avions travaillé pendant 4 mois pour pouvoir en sortir 10 dès la parution.

ENI : Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait exercer ton métier ?

CH : Il n’y a pas vraiment d’école si ce n’est Asfored qui propose des formations en lien avec les métiers de l’édition mais bon… C’est compliqué pour moi de répondre car j’ai une carrière atypique, je suis autodidacte.

Je dirais néanmoins que la première qualité c’est la curiosité, le goût de la découverte. Et évidemment, il faut avoir le goût des livres et l’envie d’apprendre.

Exemplaires livres MicroFluo

ENI : Comment penses-tu que cette profession et le secteur vont évoluer ?

CH : C’est difficile aujourd’hui car ma carrière est atypique. Je le vois car je suis bientôt à la retraire et nous recherchons quelqu’un pour prendre la suite. Or soit on trouve des profils éditoriaux, soit informatique mais rarement les deux.

D’autre part, j’ai appris au fil du temps. À une époque, nous faisions tout nous-même dans le service éditorial, il n’y avait pas de service marketing par exemple. Je me suis mise à Photoshop lors de la création de premier cd-rom de formation et à Illustrator pour dessiner les premières couvertures des livres. D’ailleurs, pour la petite histoire, quand je revois ces couvertures, j’ai un peu honte ^^ (NDLR : la photo est au-dessus, désolé Corinne, c’était trop tentant ^^). Aujourd’hui, les gens ont moins besoin d’être polyvalent.

Quant à l’univers du livre, en tant que passionnée, je pense que le papier aura toujours sa place même si elle diminue. Mais le principal, le cœur, c’est le contenu. Et que cela soit sur écran ou papier, on aura toujours besoin d’un regard pédagogique. Je ne suis donc pas inquiète car même s’il y a des outils autres et complémentaires, le livre aura toujours sa place.

Corinne Hervo

Notre responsable éditoriale des contenus "non-IT"

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