Frédéric Thouin : “transmettre dans de bonnes conditions”

05/04/2023 | Formation, Paroles d’experts, Portraits d’experts, Sécurité informatique

Temps de lecture  6 minutes

Difficile de ne pas ressentir la passion qui anime Frédéric Thouin lorsqu’on le rencontre. Pour beaucoup, ce sera dans le cadre des formations qu’il anime pour l’école ENI depuis quelques années. Pour d’autres, ce sera peut-être lors d’événements dédiés à la cybersécurité et au hacking où notre responsable pédagogique ESD aime bien aller s’amuser !

Ancien apprenant d’ENI, il est passé de l’autre côté du miroir. Une trajectoire originale pour une personnalité qui l’est toute autant. Nous avons pu interroger cet ancien gamer, aujourd’hui 100% Linuxien, entre deux cours.

ENI : Quel est ton rôle chez ENI ?

Frédéric Thouin : Je suis animateur de formations. J’insiste sur le terme animateur. Je ne suis pas un maître, un professeur. Je ne donne pas que des cours, c’est une autre approche, plus vivante, avec plus d’humour ! Je ne suis pas supérieur à mes apprenants.

Le terme fait un peu penser aux colonies mais j’aime bien cette référence. Je ne balance pas du savoir, j’essaie de transmettre dans de bonnes conditions.

 ENI : Concrètement, commente cela se traduit-il ?

FT : Il y a trois phases.

La première est théorique, autour de la transmission du savoir.

La deuxième est la mise en pratique, le TP, avec les apprenants qui bénéficient d’un accompagnement guidé, personnalisé. Par exemple, si un bug a été résolu par un apprenant, j’arrête le TP pour informer tout le groupe et échanger. Le processus n’est pas rigide.

Sweat
La dernière phase, c’est la correction de la mise en pratique avec des compléments pour une plus-value technique. C’est indispensable pour que cela soit intéressant et que, même si tout le monde a réussi le TP, il y ait des ajouts. Cela peut-être une bidouille, une astuce, un conseil… C’est la raison pour laquelle je n’ai pas de corrections toutes faites, mais cela fait des années que je les connais. Je refais tout « en live » en fonction du contexte.
ENI : Tu as une activité en parallèle avec le hacking notamment. Peux-tu nous en dire plus ?

FT : En effet, je suis aussi responsable pédagogique pour les Bac+5 cybersécurité (ESD).

C’est une passion qui a commencé en 2019. J’ai été invité à une compétition par un ancien apprenant de l’école qui aimait ma façon de penser en tant que sysadmin. Je n’ai rien apporté mais j’ai beaucoup aimé.

C’est devenu un passe-temps, je suis passé de hardcore gamer à CTF player (Capture The Flag). Ce sont des épreuves où il faut réussir à récupérer un « flag », une chaine de caractères, en réussissant une énigme informatique. Cela peut être casser un serveur web, retrouver la date de naissance d’une personne dans des fichiers, casser une application et contourner son comportement… Cela m’a ouvert les portes d’associations comme BZHack, là aussi avec d’ancien « stagiaires ». Je fais aussi partie des communautés Osint-fr et Ozint. J’ai des petites nuits mais je fais des siestes tous les midis ^^

Equipe Frédéric Thouin ESD
ENI : Comment es-tu arrivé à ce métier ?

FT : Je ne sais pas trop en fait ! Il y a environ 10 ans, je travaillais à NEC Computer à Angers où j’étais à l’engineering, le support de prod et la hotline niveau 3. Puis il y a eu un plan social. J’ai alors décidé de suivre une formation ASR (Admin Système réseau) à l’école ENI que je connaissais de nom.

Sur les derniers mois, Luc Naceur, Directeur général de l’école à ce moment-là, m’a proposé de devenir formateur. Je sortais de 12 ans d’expertise Windows mais je venais de faire une formation Linux, je lui ai alors répondu « OK, mais que sur Linux » !! Cela me sortait de ma zone de confort, c’est plus rigolo. Et Linux me rappelle l’informatique de mon enfance, fait de bidouilles, de casses, de réparations… Il y a une philosophie derrière qui me passionnait. Aujourd’hui, je suis 100% Linux sauf pour certains outils.

ENI : Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ton rôle chez ENI ?

FT : La possibilité de diffuser son savoir et la reconnaissance des anciens apprenants. Cela m’arrive souvent, même des années après. Rien que pour ça, je sais que mon job a été fait.

ENI : Et ce qui te plaît le moins ?

FT : Il y a toujours des petits problèmes, dans n’importe quel métier. Mais ici, il n’y a rien de flagrant, je ne viens jamais au travail à reculons. Au contraire, parfois je me dis « Mince, demain c’est le week-end » !

Frédéric Thouin au CTF
ENI : Revenons à la cybersécurité et au hacking. Quelle place cela occupe aujourd’hui dans ta vie et quels progrès as-tu fait en 3 ans ?

FT : J’y passe entre 2 et 4 heures par jour. Parce que j’ai arrêté de jouer à Minecraft ! Après le boulot et la famille, je m’y mets souvent vers 21h jusqu’à tard le soir.

Je suis maintenant plus à l’aise, je « flag » bien ! Comme au dernier CTF du BZHack où on a terminé 17e. Il y aussi une 2e place au Hack cette année et plusieurs bons classements, y compris à l’international. Je suis top 1000 sur Root-me également. C’est utile pour être responsable pédagogique de savoir ce que les étudiants font.

ENI : On entend parler de plus en plus de cybersécurité, même dans les médias généralistes. Quel regard portes-tu là-dessus ?

FT : On commence enfin à prendre conscience de l’intérêt de la cybersécurité. J’apprécie que cela ne soit plus réservé à des élites. Les entreprises ont besoin de plus en plus de techniciens capables dans ce domaine et pas seulement de dirigeants avec une vision du sujet. Cela permet aussi l’émergence de nouveaux corps de métier ; cela s’ouvre et c’est tant mieux ! Et ce n’est que le début.

ENI : As-tu des anecdotes ou moments clés depuis que tu es chez ENI ?

FT : J’ai surtout une grande satisfaction : avoir des amis proches qui sont des anciens apprenants. Les moments clés, ce sont les rapports humains. C’est notamment grâce au présentiel, je n’aime d’ailleurs pas le distanciel.

ENI : Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait faire ton métier ?

FT : Il y a plusieurs critères importants.

D’abord la technique, la maîtrise du sujet, c’est évident. Ensuite, il y a le rapport humain, il faut aimer les gens. Enfin, il faut être pédagogue. Cela s’apprend mais ça ne suffit pas. Il n’y a pas de vraie formation pour être formateur.

ENI : Comment vois-tu ce métier évoluer ?

FT : C’est comme les professeurs. C’est un métier qui existe depuis la nuit des temps. Il évolue mais la fonction reste. Transmettre son savoir est un métier en soi. Aujourd’hui, distanciel et présentiel sont en parallèle, l’un n’éliminera pas l’autre. Et moi je préfère le présentiel qui a de belles années devant lui…

Formateur Linux et responsable pédagogique à ENI Ecole, Frédéric Thouin est tombé dans l’informatique loisir en 1987. Il commence sa carrière en 1999 à l’engineering de NEC Computer durant 9 ans. Passionné de sécurité depuis 6 ans, il débute les « Capture the Flag » durant le breizh CTF 20k19 avec l’équipe Cogital. Le Hack2k19 étant venu, il rencontre également d’autres membres de FlaggOver.Beer. Depuis c’est un enchainement de plaisir et de rencontre tant à l’école que durant des CTF.

Frédéric Thouin

Animateur de formation et responsable pédagogique ENI École

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