Accélérée par la crise sanitaire, la numérisation de notre société a engendré une explosion de données qui touchent presque tous les aspects de l’activité humaine. La data est partout.

Un nouveau paradigme s’est installé : celui de la donnée source de performance, source de création de valeur, source de richesse. Bref, la data comme nouvelle matière première pour les entreprises. Mais qu’est-ce qu’une bonne donnée ? Comment s’en emparer ? Comment l’utiliser pour atteindre ses objectifs ?

Réponses avec notre expert Youssef JLIDI.

Quels sont les principaux enjeux de la data ?

 Y.J. : On parle beaucoup de data aujourd’hui, le mot est sur toutes les lèvres. Pourtant, il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau. Qu’est-ce qu’une donnée sinon une représentation de l’information ? Cette définition permet de mieux comprendre pourquoi la donnée est partout. Dès lors que l’on partage de l’information, on produit de la donnée. Même les animaux y ont recours. Prenons le poisson-ballon, par exemple, qui est capable de dessiner des rosaces sur le sable pour attirer ses semblables.

La donnée est fondamentale à toute activité, elle sert à guider vers un objectif précis.

Aujourd’hui, nous connaissons l’apogée de la donnée avec le phénomène du Big Data, qui se traduit par une explosion quantitative de données. Avec les nouvelles technologies mises à notre disposition, nous générons des données numériques en masse et en permanence. Les mails que nous envoyons, les vidéos que nous consultons, nos achats en ligne, nos recherches internet, nos likes… Tout est enregistré.

La donnée devient un enjeu pour les entreprises parce qu’elle permet de voir, de comprendre et d’analyser les comportements afin de définir une stratégie adaptée et de réaliser ses objectifs. En d’autres termes, elle permet de proposer le bon produit à la bonne personne, au bon moment et de la meilleure des façons.

Qu’est-ce que la bonne donnée, la « data utile » ?

Y.J. : Une bonne donnée est une donnée opérationnelle. Il faut prendre garde à l’avalanche de données. Toutes n’ont pas la même valeur. Il est très facile de s’y perdre.

Pour cela, il est essentiel de savoir analyser les données, de faire appel à des personnes spécialistes dans le traitement de données, telles que les Data Engineers qui collectent et rendent les données accessibles, les Data Scientists et les Data Analysts. Autant de disciplines indispensables pour recueillir les données, les traiter, les analyser selon un objectif clair et atteignable. Tous ces métiers vont apporter une dimension qualitative à la donnée pour la rendre compréhensible et exploitable.

Qui peut se servir de la donnée ?

Y.J. : Toutes les entreprises disposent désormais d’un capital data important (via leur site web, leur CRM, le comportement des clients en magasin…). Toutes sont en mesure de se servir de leurs données. Le plus important est d’abord de clarifier, puis d’écrire sa stratégie data et ses objectifs. Sans cette démarche, c’est l’échec assuré : les données ne servent à rien si l’on ne sait pas clairement ce que l’on souhaite en faire. Tout est question d’objectif.

La datavisualisation : une façon de démocratiser l’accès aux données ?

Y.J. : La datavisualisation existe depuis très longtemps. Le dicton de Confucius « Une image vaut mille mots » en est la preuve. La datavisualisation consiste à simplifier et à mettre en avant les données les plus importantes à travers des dessins. En bref, elle permet de voir d’un coup d’œil ce qui est le plus frappant, le plus « aberrant », dans un corpus de données.

L’outil Google Data Studio est particulièrement intéressant car il permet en effet de démocratiser l’accès aux données. C’est un outil ouvert à tout le monde et simple à prendre en main pour créer des rapports très parlants visuellement. Dans mon ouvrage, j’explique pas à pas comment créer son premier rapport, le configurer, le rendre plus visuel, etc.

Mais il existe également d’autres outils de datavisualisation qui offrent des fonctionnalités intéressantes, tels que Tableau Software ou Power BI notamment.

Quels sont les éléments clés d’une bonne datavisualisation ?

Y.J. : Pour une bonne datavisualisation, il convient de respecter deux règles clés :

• Avoir un bon data set, c’est-à-dire une bonne source de données;
• Savoir quels sont les objectifs de la démarche, ce qu’on a envie de trouver.

Comment les données vont-elles faire évoluer les comportements des individus ?

Y.J. : Nous commençons à en prendre conscience : la donnée prend une place de plus en plus importante dans nos décisions. Mais la donnée est ambivalente. Mise entre de bonnes mains, elle peut être facteur de progrès. A l’inverse, entre de mauvaises mains, elle peut représenter un danger. L’important est donc de protéger la donnée, de lui donner un cadre.

Nous sommes à l’aube d’un jour nouveau, où la donnée sera essentielle. On ne peut pas l’ignorer, c’est pourquoi il est important de s’y former.