Après une table ronde sur les enjeux de la mixité dans l’intelligence artificielle riche et constructive nous avons souhaité poser quelques questions à Virginie Mathivet, experte en IA.
En effet, à peine 12% des experts dans le domaine sont en fait des expertes. Virginie Mathivet est autrice aux Editions ENI, mais aussi Chief R&D Officer et DataSquad Teamleader chez TeamWork et fait partie de cette petite proportion de femmes qui maîtrisent l’IA.
Comment en est-elle arrivée là ?
Qu’est-ce qui lui plait le plus dans son métier ?
Quels sont ses conseils pour rester experte de ce domaine qui ne cesse d’évoluer ?
Quels sont les enjeux de la présence des femmes dans l’IA ?
Des questions que nous nous sommes posés et que vous vous êtes certainement posés aussi… !
Virginie Mathivet a accepté de nous répondre dans cette interview !
Virginie, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Virginie Mathivet : Je m’appelle Virginie Mathivet. Je suis actuellement Directrice de la R&D chez TeamWork et j’encadre l’équipe « DataSquad » qui fait la partie technique des projets data : IoT (objets connectés), big data, IA/ML et aussi data integration (ETL, ESB, EAI, …).
Étant une femme dans le numérique, je me sens fortement concernée par les sujets s’y rapportant. Je participe donc à différentes actions avec l’association « Objectif pour l’Emploi », auprès de collégiens, de lycéennes ou encore de femmes en reconversion. Et, quand l’occasion se présente, je participe à d’autres actions, comme l’opération « Quelques femmes du numérique » qui avait fait une exposition dans les locaux de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, ou au sein du groupe « Femmes de l’IT » de l’ADIRA.
Comment êtes-vous devenue experte en IA ? Quel a été votre parcours ?
V. M. : A l’origine, c’est un heureux hasard qui m’a mené à l’intelligence artificielle 😊 Alors que je faisais mes études d’ingénieur à l’INSA, j’ai eu envie de tout arrêter. Mais le directeur de l’époque m’a convaincu de rester et d’en profiter pour faire un double cursus, au cours duquel j’ai découvert l’intelligence artificielle. Et ça m’a tout de suite plu. Voir un ordinateur « apprendre » (ou non d’ailleurs !) est vraiment fascinant. Après mon double cursus (diplôme d’ingénieur – DEA), j’ai continué en thèse, et j’ai donc maintenant un doctorat en intelligence artificielle, sur des thèmes qui étaient alors peu à la mode : l’apprentissage par renforcement et les réseaux de neurones.Qu’aimez-vous le plus dans votre métier ?
V. M. : Je pense que c’est la curiosité qui me stimule. Chaque projet est différent, chaque contexte aussi. Cela me donne l’occasion d’aller voir différents métiers, dans différentes industries, de visiter des usines, de parler à des personnes extrêmement intéressantes et passionnées par leur travail, de voir du pays. Bref, le contexte est très enrichissant. Quant aux projets en eux-mêmes, ils sont particulièrement challengeants, on ne sait pas toujours si on arrivera à un résultat, si ça finira par marcher, si les modèles seront suffisamment bons pour être mis en production… Rien n’est donc prévisible complètement 😊L’IA évolue en permanence, quels sont vos conseils pour rester à jour ?
V. M. : De la veille, de la veille et encore de la veille ! Plus sérieusement, le domaine évolue tellement vite qu’il est impossible de tout suivre en permanence. Je suis donc abonnée à des newsletters, ce qui me permet d’avoir dans ma boîte email les principales nouveautés. Je suis aussi sur LinkedIn, où je suis l’actualité postée par mon réseau, de manière à me tenir au informée des nouveautés. Je publie d’ailleurs tous les lundis « L’actualité de la semaine » qui vient de s’écouler, à partir du sujet que j’ai le plus vu passer. Je suis également des webinaires, des podcasts, des conférences (virtuelles ou non), … bref, j’essaie de me tenir au courant. Et comme ça ne suffit toujours pas, je partage pas mal avec mes collègues et amis, sur des messageries instantanées, ce qui permet d’avoir une vision plus large que celle que l’on pourrait avoir en étant seul dans son coin. Cela permet aussi de comparer des points de vue et d’aller plus loin dans les analyses, donc c’est très enrichissant.Les femmes restent aujourd’hui encore peu présentes dans le domaine du numérique, quels sont selon vous les enjeux de la présence des femmes dans les projets autour de l’IA particulièrement ?
V. M. : Je vois tout d’abord un enjeu très personnel : je dois recruter des membres pour mon équipe, et une faible présence de femmes veut aussi dire un plus petit panel « de choix » pour recruter. Se priver de la moitié de la population ou presque dans des métiers en tension n’est pas une bonne idée 😉.
Ensuite il y a un enjeu social/sociétal :
les métiers de l’IA recrutent et paient plutôt bien, ce qui offre un bon niveau de vie. Celui-ci doit être autant pour des hommes que des femmes, et laisser les femmes majoritairement dans des métiers avec peu de qualification/peu payés est dommageable pour qu’un pays évolue dans le bon sens.
Enfin, il est important d’avoir une diversité importante au sein des projets pour créer des datasets qui couvrent le maximum de cas et éviter les biais. Or la diversité recouvre des notions d’origine sociale, de culture, de niveau ou lieu de vie mais aussi de genre. En effet, on ne peut jamais penser à tout, et donc plusieurs cerveaux différents auront de meilleures idées qu’un cerveau ou plusieurs cerveaux très proches 😉
En parallèle de votre activité professionnelle, vous êtes également autrice aux Editions ENI, qu’est-ce qui vous a incité à écrire des livres ?
V. M. : Avant de rejoindre TeamWork, j’étais professeure. J’enseignais l’intelligence artificielle, mais je ne trouvais pas de bons livres à conseiller à mes étudiants. En effet, il s’agissait principalement de développeurs, n’aimant pas les maths, qui voulaient comprendre comment ça marchait dans leur langage (donc celui du code) et pas via les équations mathématiques sous-jacentes. De bons livres existent en anglais mais la barrière de la langue restait importante, surtout sur un sujet technique non maitrisé. C’est ainsi qu’il m’est venu à l’idée de partager une version « augmentée » de mon cours, via l’écriture de livres sur l’IA en français, pour montrer aux développeurs comment fonctionne l’IA, avec des codes en C# ou en Java, c’est-à-dire dans les langages qu’ils utilisaient dans leur vie professionnelle.Je m’appelle Virginie Mathivet. Je suis actuellement Directrice de la R&D chez TeamWork et j’encadre l’équipe « DataSquad » qui fait la partie technique des projets data : IoT (objets connectés), big data, IA/ML et aussi data integration (ETL, ESB, EAI, …).
Étant une femme dans le numérique, je me sens fortement concernée par les sujets s’y rapportant. Je participe donc à différentes actions avec l’association « Objectif pour l’Emploi », auprès de collégiens, de lycéennes ou encore de femmes en reconversion. Et, quand l’occasion s’en présente, je participe à d’autres actions, comme l’opération « Quelques femmes du numérique » qui avait fait une exposition dans les locaux de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, ou au sein du groupe « Femmes de l’IT » de l’ADIRA.
les livres sur l’intelligence artificielle
Livre de Virginie Mathivet
L’Intelligence Artificielle
pour les développeurs
Concepts et implémentations en Java
Livre de Virginie Mathivet
L’Intelligence Artificielle
pour les développeurs
Concepts et implémentations en C#