Histoire de l’image
Introduction
L’image a depuis des temps immémoriaux été le véhicule de notre communication. Qu’elle soit exécutée avec du charbon de bois sur de la pierre dans une grotte ou à l’aide d’un stylet sur la dernière tablette Wacom, son rôle est toujours le même : communiquer aux autres des émotions.
Les artistes ont presque toujours essayé (jusqu’à la fin du XIXe siècle) de représenter des scènes de la manière la plus réaliste possible, eu égard aux techniques connues à leur époque. Même les peintures rupestres les plus anciennes sont figuratives*.
Les Homo sapiens et Néandertaliens esquissaient des formes animalières ou des négatifs d’empreintes de mains, parfois avec une exactitude de représentation étonnante (http://archeologie.culture.fr/chauvet/fr) à l’aide de pigments minéraux (charbon de bois et ocres).
Au fur et à mesure de l’évolution de l’homme, les représentations sont de plus en plus figuratives et/ou significatives.
Cette représentativité atteint un summum avec la photographie. C’est à partir de la fin du XIXe siècle et le courant pointilliste que la ressemblance au Vrai cesse d’être un impératif, au profit du partage d’émotions....
La fragmentation des images

Afin de créer des images qui sont faciles à reproduire, nos ancêtres ont trouvé un certain nombre de solutions pour les décomposer de deux manières différentes :
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La décomposition du spectre lumineux qui passe d’un continuum à une discrétion plus ou moins grande. Un dégradé est continu alors qu’un camaïeu est discret.
Grandeur continue vs grandeur discrète : une grandeur continue désigne une chose dont on n’aperçoit pas d’éléments distincts, comme par exemple un dégradé de couleurs (voir dégradé de rouge), un arc-en-ciel. Une grandeur discrète ou discontinue désigne une chose qui apparaît fractionnée en morceaux clairement distincts les uns des autres, comme les touches de couleurs (voir camaïeu de rouge).


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Les formes sont géométrisées et reconstituées à l’aide de petits fragments ou points.
Souvent, comme pour les tesselles* de mosaïque ou le tissage Jacquard, les deux sont associés, c’est-à-dire que chaque élément n’est que d’une seule couleur. Cette notion apparaît dès l’antiquité et s’impose notamment pour les deux techniques citées précédemment.
De même, les principes utilisés...
La perspective
La deuxième évolution, plus récente, est la perspective. C’est une méthode de représentation qui donne l’illusion de la profondeur sur un support plat.
Dès l’époque grecque, les artistes essaient de donner de la profondeur à leurs œuvres. Les méthodes que les artistes utilisent offrent des résultats charmants mais peu crédibles.
Au Moyen-âge, le point de vue de l’artiste n’est pas réaliste, mais symbolique. Il donne de l’importance aux personnages, non en fonction de leur position dans l’espace, mais en fonction de leur rang social.
Au XVe siècle, les artistes italiens du Quattrocento définissent les règles de la perspective linéaire (autrement nommée conique ou centrale). Grâce à l’utilisation de la camera obscura, ce type de perspective prend pour base la vision et les déformations de l’espace inhérentes à une représentation aplanie de la réalité.
Au cours de la même période, les peintres flamands développent la perspective atmosphérique. Cette perspective consiste à représenter la profondeur par plans successifs, le plus proche utilisant des couleurs vives ou chaudes. Plus un plan est éloigné de l’observateur, plus les couleurs sont estompées ou froides, jusqu’au...
Le dessin technique (ou industriel)
Le dessin technique montre et explique un objet graphiquement, de manière exhaustive. Il peut même en expliquer le fonctionnement et l’utilisation.
Le dessin technique et le dessin d’étude documentaire (planches anatomiques, dessin d’objet artistique…) ont la même origine.
Il apparaît au XIIIe siècle pour des projets architecturaux, à l’époque du savant/artiste omnipotent*. Ce type de dessin est aussi bien technique qu’artistique. Les nombreux projets de machines de Léonard de Vinci en sont une parfaite illustration.

« Codex atlanticus » de Léonard de Vinci
La géométrie descriptive, le procédé de dessin technique encore utilisé aujourd’hui, est le fruit du travail de Gaspard Monge au XVIIIe siècle.

Illustrations de Gaspard Monge - Extrait de « Géométrie descriptive. Leçons données écoles normales », 1799
Suivant le secteur d’activité dans lequel il est utilisé, le dessin technique est soit représentatif, soit symbolique. Il profite aussi d’avancées comme la perspective conique et la réalisation de maquettes numériques en 3D avec simulation du fonctionnement, l’étude de la résistance des matériaux aux charges, à l’usure…...
La photographie
Parallèlement au développement de la perspective, de nombreuses recherches sont menées afin de pouvoir reproduire des gravures en imprimerie. La photographie est le résultat de ces recherches.
En photographie, on distingue deux éléments : l’appareil et la surface sensible.
Un appareil photographique repose sur le principe de la camera obscura, dont le fonctionnement est décrit par le philosophe chinois Mo DI (≈-479,-392), puis par Aristote (≈-384,-322).
Cette invention est ensuite détaillée par Anthémius de Traille (VIe siècle), Ibn al-Haytham (XIe siècle) et Léonard de Vinci (XVIe siècle).
Au XVIe siècle, la camera obscura n’est plus seulement un objet de curiosité qui divertit la Cour, elle devient utile. Dotée d’une lentille, par Daniele Barbaro, qui rend l’image projetée beaucoup plus lumineuse, elle va servir en topographie aussi bien qu’à l’ébauche de paysages de grands peintres. C’est aussi grâce à son utilisation que les artistes italiens vont formaliser les bases de la perspective conique.
Le père Scheiner, toujours au XVIe siècle, y ajoute un diaphragme qui lui permet de contrôler la quantité de lumière et un miroir à 45°, afin d’observer plus confortablement et de pouvoir dessiner les taches...
L’analyse et la transmission des images
À partir du moment où les techniques de création des images (peinture, dessin, photographie) deviennent plus représentatives, à l’avènement du télégraphe électrique et de la reproduction d’images en imprimerie, naît le désir de pouvoir envoyer des images à distance, le plus vite possible. Ce désir vient des reporters, notamment américains, qui étaient capables d’envoyer à leur rédaction un article en quelques minutes grâce au télégraphe, mais ne pouvaient envoyer de photographie. Celles-ci ne pouvaient être transmises que par voie postale, ce qui nécessitait plusieurs jours d’acheminement.
L’analyse automatique et la transmission des images ne datent que de la fin du XIXe siècle. Elles nécessitent au départ deux conditions, une image en noir et blanc et sa décomposition en lignes.
L’analyse et la description des images ligne par ligne sont mises au point par le physicien italien Giovanni Caselli. Il crée un télégraphe capable d’envoyer et recevoir des textes manuscrits et des images. La première démonstration de cet appareil est faite en 1861 devant Napoléon III.
Arthur Korn travaille sur la transmission d’images par télégraphie et obtient des résultats...
L’affichage
Un autre désir apparaît fin du XIXe siècle : pouvoir diffuser, de manière instantanée et à un grand nombre, des textes et des images.
Le principe du tube cathodique (CRT pour Cathodic Ray Tube) est développé à partir de la fin du XIXe siècle, et ceux des écrans LCD et plasma dans les années 60.
Le Pixel naît en même temps que le premier écran d’affichage à tube cathodique. Il est expérimenté par William Crookes. Les pixels sont à cette époque de petits amas de sélénium régulièrement répartis qui permettent de rendre lumineux des ultraviolets émis par les tubes cathodiques.
Le premier écran voit le jour vers 1892, créé par Karl Ferdinand Braun, d’après des recherches effectuées par Constantin Senlecq, Adriano de Paiva, George R. Carey...
Le premier écran informatique à tube cathodique est développé en 1947 par Kilburn et Williams pour l’université de Manchester.
IBM crée le premier écran tactile à tube cathodique en 1972 (PLATO IV).
Le premier écran à cristaux liquides (LCD pour Liquid Cristal Display) est présenté en 1971 d’après des recherches de George Harry Heilmeier.
En 1984, Thomson développe le premier écran à...
Conclusion
L’image numérique a nécessité, afin de venir à nous, de nombreuses techniques et évolutions, sans compter le développement de l’informatique.
Comme vous l’avez constaté, la majeure partie de ces évolutions ne datent que du XIXe siècle. Et l’évolution dans ce domaine est de plus en plus rapide.
C’est afin de ne pas perdre de vue les bases historiques qui ont précédé l’avènement de l’image numérique, et pour que vous en compreniez mieux les caractéristiques, que ces lignes vous seront utiles pour écrire la suite de l’histoire.