Séverine Lahary : “ENI est en veille permanente”

24/01/2025 | Formation, Paroles d’experts, Portraits d’experts

Temps de lecture  7 minutes

À l’heure où l’on parle beaucoup d’IA dans le secteur de l’IT comme dans celui de la formation, nous avons décidé de remettre un peu d’humain au cœur des débats. Nous vous avions déjà proposé les portraits de formateur en informatique, de responsable pédagogique de l’ecole ENI ou encore de responsable éditoriale. En ce début d’année, c’est à la directrice des Editions ENI, qui est également DSI du groupe, que nous avons soumis quelques questions.

Missions, parcours, place des femmes dans l’IT mais aussi évolutions et défis du secteur, Severine Lahary nous en dit un peu plus. Et elle a un petit message pour vous..

Quel est ton rôle chez ENI ?

J’ai deux rôles principaux. Tout d’abord, je suis à la direction d’Éditions ENI et ENI Service, où j’assume la responsabilité opérationnelle et financière de ces deux structures. Mon objectif est de garantir que toutes les activités, qu’il s’agisse du commerce, du développement, de l’éditorial, de la production ou de la pédagogie, soient en mesure de fournir le service attendu par nos clients et par l’entreprise, tout en maintenant une stabilité financière continue. C’est à la fois un rôle de management mais aussi très opérationnel.

Depuis sa création par Philippe Rabreau, l’entreprise a su conserver cette proximité typique des PME familiales, malgré la croissance significative du groupe.

Mon deuxième rôle, depuis mon arrivée, est DSI pour le groupe. Cela veut dire que je suis garante de la totalité des développements, du respect du planning, de la qualité et des coûts des projets informatiques réalisés pour le groupe. J’ai également la responsabilité du maintien en condition opérationnelle du système d’information, tout ce qui est lié à notre infrastructure autour notamment des serveurs, des stockages de données, des accès, de la sécurité, etc. Par exemple, m’assurer que le système d’information est assez opaque et fermé pour éviter les intrusions et savoir les gérer quand elles arrivent. Cette mission, je l’exerce pour les 3 entités ENI, l’école, les éditions et les centres de formation.

Ce sont deux rôle très importants et il est (malheureusement) assez rare qu’ils soient occupés par une femme, notamment dans l’IT !

Je n’ai jamais été freinée dans ma carrière. J’ai travaillé dans un grand groupe international avec une culture plutôt américaine, où il n’y avait pas de différence entre hommes et femmes. Je ne me suis jamais sentie limitée dans mon évolution, ni imposteur ou rabaissée parce que j’étais une femme. Je n’ai donc pas rencontré de problèmes en tant que femme dans l’IT au début de ma carrière.

Chez ENI, nous avons plus de femmes que d’hommes ! Personnellement, à compétences égales, il ne faut pas favoriser un genre plus qu’un autre

Comment en es-tu arrivée à exercer ce(s) métier(s) ? Quel a été ton parcours ?

J’étais bonne élève et je savais ce que je ne voulais pas faire plutôt que l’inverse ! Je tenais absolument à structurer mes études par étapes. Je ne me sentais pas prête après le bac à aller en classe préparatoire comme le suggéraient mes professeurs. J’ai donc choisi de faire un BAC +2 scientifique et ayant le choix de la filière, j’ai choisi l’ informatique en pensant aux débouchés futurs.

Ensuite, j’ai poursuivi avec une école d’ingénieur sur Bordeaux, en alternance, parce que je voulais absolument être dans la vie active. Je souhaitais travailler dans une grande entreprise et j’ai ainsi rejoint le centre national d’ingénierie d’EDF à Paris pour réaliser mon alternance. Accenture m’a ensuite recrutée et j’y suis restée 18 ans, au départ sur Paris, puis à partir de 2006 à Nantes. J’y ai exercé dans divers domaines tels que le testing, le développement, la qualité, la gestion de projets, de comptes, de business unit.

Aujourd’hui , qu’est-ce qui te plaît le plus dans ton métier ?

La diversité et la polyvalence des sujets que je traite sont ce qui me plaît le plus. Que ce soit des ressources humaines, du management, de la stratégie ou de l’opérationnel, chaque journée est unique et nécessite de jongler entre de nombreux dossiers. C’est dynamique et stimulant.

Comme je le disais également, il y a une grande part d’opérationnel lorsqu’on dirige une PME. Il y a une proximité dans le travail, je ne suis pas derrière des tableaux de bord.

Et ce qui te plaît le moins ?

La difficulté à convaincre pour faire changer des choses car j’ai besoin d’être dans l’action.

Quels sont les défis qui se posent aux Éditions ENI ?

Mon objectif principal est de renforcer la synergie entre nos produits, nos offres et nos équipes afin de mieux répondre aux divers besoins en formation informatique. Que ce soit à travers Éditions ENI ou ENI Service, nous proposons une large gamme de solutions, en distanciel, en présentiel, en elearning, etc. Il est essentiel de continuer à développer et améliorer cette synergie. C’est un défi que nous nous imposons également au niveau du groupe avec des contenus conjoints tels que les ENI Talks, les podcasts Horizons Tech, et bien sûr, cette newsletter !

Le deuxième défi réside dans notre environnement extrêmement concurrentiel, surtout depuis le COVID, qui a vu l’émergence de nombreux acteurs à faible coût d’entrée. Nous devons donc constamment innover et développer de nouvelles offres et services pour nous démarquer, tout en veillant à ce que la qualité, les contenus et le savoir-faire historique d’ENI soient toujours reconnus.

IT et informatique évoluent sans cesse et nos ouvrages reflètent bien cela : IA, No-code, cloud… comment l’entreprise gère ces évolutions vu son « rôle » de pédagogue ?

Il y une veille permanente au sein des Éditions ENI. Sur l’aspect éditorial par exemple, nous avons des personnes qui suivent tous les sujets pour savoir ce qu’il faut aborder. Sur l’IA, nous avons été précurseurs avec l’ouvrage sur ChatGPT, dernièrement nous avons fait un gros focus sur Copilot ; nous connaissons nos forces, notre capacité à réaliser des livres, des vidéos, des e-formations…  Nos processus sont bien rodés, nous avons de bons experts et une excellente réactivité, ce qui constitue des atouts majeurs du groupe ENI.

Sur la partie pédagogique, ce que nous ne pouvons pas adresser en interne, nous avons le réseau et les personnes pour aller chercher les compétences nécessaires en externe et ainsi proposer continuellement de nouveaux contenus et aborder de nouvelles technologies. Et cette préoccupation, nous nous l’imposons à nous également. Sur l’IA, nous avons un comité interne pour bien s’en saisir, savoir l’utiliser, etc. Nous voulons maintenir notre exigence à tous les niveaux.

De la même manière, pour la cybersécurité, nous veillons à rajouter toujours plus de cas concrets pour garder notre approche mixant théorie et pratique.  par exemple, nos plans de cours incluent des modules tels que « Il y a une intrusion, vous avez tous les outils, comment faites-vous pour sauver l’entreprise attaquée ».

Comment penses-tu que le secteur de la formation mais aussi celui de l’édition va évoluer, avec l’IA, le distanciel, etc. ?

Sur la partie IA, si je prends ma vision de DSI, c’est une évolution de l’informatique normale et qui peut être positive. Je n’ai pas la crainte que cela remplace l’humain : comme pour les débuts d’Internet, cela alerte mais après l’usage rentre dans les mœurs. C’est une aide, un outil et ce serait une erreur de ne pas la prendre comme telle. Pour aller plus vite, faire plus de choses mais sans remettre en cause l’essentiel du travail fait par l’humain.

Pour la partie formation, le mode hybride est de plus en plus plébiscité, notamment par les entreprises depuis la sortie du Covid. Selon le baromètre 2024 du digital learning de l’ISTF, au cours des 24 derniers mois, 90 % des apprenants  ont expérimenté l’elearning, et la mission prioritaire confiée aux formateurs individuels est désormais de créer des contenus digitaux asynchrones.

enquête formation ISTF 2024

Au total, 86 % des professionnels de la formation déclarent souhaiter aller vers encore plus de digital. En parallèle, la formation en présentiel, modalité jugée très efficace, continue à être plébiscitée. In fine, c’est le « blended learning » qui tend à se démarquer, cette modalité ayant pour but d’associer les atouts du présentiel et ceux du distanciel que l’on retrouve dans le panel proposé par ENI Editions et ENI Service.

De plus, l’interactivité attire légitimement. Nous le constatons aussi bien sur nos formations avec modules interactifs justement (pour se former dans une application directement), mais aussi sur les certifications :  nous sommes passés d’un mode QCM à un mélange de théorie et de pratique,  pour remettre l’utilisateur en action.

Enfin, sur la partie livre papier, même si l’industrie n’est plus aussi florissante, des sujets techniques  nécessiteront toujours un livre et qui seront des best-sellers.

Quels sont les projets à venir ?

Justement, nous parlions d’IA tout à l’heure, nous poursuivons les développements sur le sujet pour, notamment, faire en sorte que nos moteurs de recherche soient plus pertinents pour les apprenants, pour continuer d’améliorer l’accessibilité.

Dans l’accompagnement, nous développons de nouvelles offres, comme les Masterclass ENI elearning, pour aller plus loin avec des petites groupes de travaux pratiques. Cela revient à l’interactivité que j’évoquais, le fait d’être moins passif dans l’apprentissage. C’est une des vraies forces du groupe. Et c’est quelque chose qui est reconnu comme en témoignent nos excellents résultats à l’export que nous continuons à développer comme au Canada dernièrement ou encore le renforcement de nos partenariats comme avec Microsoft.

Enfin, nous préparons également un événement le 25 mars, à la fois pour montrer notre savoir-faire avec des ateliers, des conférences, des partages d’expérience mais aussi pour mettre en avant nos clients et leur fidélité.

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait exercer ton métier ?

Pour mon métier, comme pour tout autre, je pense qu’un bon conseil est de continuer à apprendre tout au long de sa carrière et de ne jamais se reposer sur ses acquis. Je termine actuellement une formation executive à Audencia, par exemple, pour développer toujours de nouvelles compétences.

Je dirais aussi qu’il faut provoquer les opportunités plutôt que de les attendre. De plus, il est important d’aborder les changements avec humilité et ouverture d’esprit. Enfin, il est essentiel d’être en accord avec soi-même et de savoir ce qui nous plaît ou non.

Un mot pour terminer ?

Cela ne va pas être original mais c’est de saison : je tenais à présenter tous mes vœux pour 2025 à tous ceux qui font l’essence même d’ENI, nos clients, nos lecteurs, nos partenaires mais aussi nos formateurs et nos équipes. Je reste persuadée que c’est par le savoir, l’échange et l’ouverture que l’on progresse et que l’on réalise de belles choses. C’est ce que je souhaite à tout le monde !

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