IA générative : la charrue, les bœufs et l’agriculteur

10/10/2023 | Société & tendances, Témoignages

Temps de lecture  7 minutes

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Même si je sépare clairement vie privée et vie professionnelle, ma totale incapacité à vivre déconnectée, ne serait-ce que quelques jours, m’a amené indirectement un peu de boulot sous le soleil. Il m’a suffi d’ouvrir les sites d’actus, même généralistes, pour retomber sur LA thématique du moment dans mon boulot et beaucoup d’autres, l’Intelligence artificielle générative ! Et la plupart du temps, le sujet se « resserrait » autour de ChatGPT.

 Le phénomène par lequel une technologie est présentée comme une révolution, est fréquent. Très fréquent (trop fréquent). Et si bien souvent, l’avenir infirme cet avis (coucou le métaverse), ne pas s’y intéresser serait aussi une erreur. Sur l’IA générative en général, et sur ChatGPT en particulier, je trouve que l’on prend rapidement conscience de ce que cela peut amener et de l’éventuelle (r)évolution qui en découlerait. Mais mes premières expériences sur midjourney ou ChatGPT m’ont plus fait rire qu’autre chose… Les oracles auraient-ils tort ou avais-je pris l’outil par le mauvais bout ? Le livre « ChatGPT, qui es-tu ? » m’a donné la réponse et plus que cela, il m’a amené un autre regard sur les IA génératives que je souhaitais vous partager.

« Nous changeons nos outils puis nos outils nous changent »

a dit un jour un gars pommé (Steve Jobs).

Indubitablement. Et l’émergence de l’intelligence artificielle le montre à nouveau. Car si l’explosion des IA génératives n’a que quelques années (et encore), il faut se rappeler que la notion d’intelligence artificielle date, elle, des années 50 (avec le test de Turing par exemple). C’est au début des années 80, avec le développement de l’informatique, que l’on voit apparaître l’apprentissage automatique. Ne refaisons pas l’histoire de Deep Blue à ChatGPT mais soulignons simplement que ce « changement d’outil » n’est pas récent. Progressivement, l’IA s’est répandue dans la technologie, parfois de manière quasi invisible comme sur nos smartphones.

Alors pourquoi, d’un seul coup ou presque, ChatGPT puis maintenant les Google Bard et autres Adobe Firefly semblent avoir déclenché un véritable Tsunami ?

Livre ChatGPT<br />
Qui es-tu ?

« Pour marquer les esprits, il manquait une application accessible à tous et avec des capacités parlant d’elles-mêmes. » explique Daniel Ichbiah dans son ouvrage (à retrouver ici). ChatGPT, c’est en fait une partie visible de l’Iceberg IA (qui a plutôt la surface d’un continent !). Et elle l’est devenue car, il faut le reconnaître, l’outil d’Open AI est extrêmement accessible par le simple fait qu’on lui « parle naturellement » (sans connaissance informatique).

Sauf que, comme beaucoup, les premiers tests étaient loin d’être… concluants. Midjourney Idem. Et certains de conclure bien trop rapidement « bah elle a une drôle de tête ta révolution…».

illustration midjourney

Quelques-uns de mes plus beaux fails midjourney.

Illustration IA générative

Là, je voulais qu’il y ait des chevaliers en armure type Monthy Python devant des ordinateurs, des pythons et bien sûr un lapin dans une cave. Il n’a jamais réussi !

Ne pas mettre la charrue avant les bœufs

Mais dans la phrase de notre philosophe, le mot outil est également très important (et pour mon raisonnement aussi ^^). Ma veille, tout comme la poursuite de la lecture du livre de Daniel Ichbiah m’ont permis de constater le gouffre qui me sépare de ceux qui réalisent des visuels à tomber par terre ou qui parviennent à tirer pleinement partie de ChatGPT en milieu professionnel comme personnel.

« RTFM » auraient dit les philosophes de mon ancien boulot. Je ne traduirai pas cette expression quelque peu péjorative mais cela signifie qu’il faut avoir lu le manuel… Oui mais voilà, il n’y en a(vait) pas. Et puis, s’il faut un manuel, c’est parce que l’outil n’est plus si accessible que ça. Et pourtant…

« Le succès d’une session réussie avec ChatGPT va dépendre, dans une large mesure, de la qualité de vos “prompts” (requêtes). » indique Daniel Ichbiah dans son livre. Il l’avait également détaillé lors d’un webinaire que vous pouvez revisionner ici : 

 Et l’auteur de donner quelques règles en amont de nombreux exemples pour les illustrer :

  • « Il faut que les requêtes définissent clairement ce que l’on attend de lui. Elles peuvent être concises mais se doivent d’être les plus claires possibles.
  • Inversement, si une requête n’est pas assez précise, les réponses seront souvent sans intérêt.
  • Il ne faut pas hésiter à formuler des requêtes un peu longues si cela peut aider à bien cadrer sa mission. Prenez aussi le temps de bien relire votre requête avant de l’envoyer, et de la corriger si besoin est.
  • Il faut encourager ChatGPT à développer certains aspects de ses réponses.
  • Si l’on est insatisfait d’un résultat, il faut le lui dire et il va alors tâcher d’améliorer ses réponses. »

 Avec ces explications, les possibilités apportées par ChatGPT me sont apparues bien plus tangibles : mes premiers échecs étaient principalement dus à la qualité de mes prompts. En somme, je ne savais pas utiliser l’outil, je ne maîtrisais pas « l’art du prompt ». Et cette expertise de l’outil de plus en plus nécessaire ne s’applique pas seulement à ChatGPT. Ce n’est pas pour rien que certaines grandes sociétés embauchent des Prompt engineer.

 Bien sûr ChatGPT a ses limites, tout comme l’IA au global. Elles sont nombreuses. Mais évolutives. Sans cesse. Par essence, ce sont des outils qui se perfectionnent perpétuellement comme le montrent les nombreux plug-ins que l’on peut lui greffer et qui change bien la donne comme Webpilot pour parcourir le contenu de pages web ou photorealistic pour… générer des prompts pour Midjourney. De la Meta IA ^^

Mais comme avec tous les outils, bien l’utiliser, en tirer toute la quintessence, demande de l’adaptation, de l’apprentissage. Essayez d’enfoncer un clou avec le manche d’un marteau !

Dépasser le principe de Peter

Nous avons parlé des bœufs (IA), de la charrue (les applications), quid de celui qui doit utiliser cet attelage, l’agriculteur dans notre métaphore ?

Force est de constater que depuis ce début 2023, il y en a de nombreux types dont :

  • Ceux qui ne veulent pas parce que « de toutes façons les résultats sont mauvais et rien n’est supérieur à l’Humain » : érigé en termes de principe, il est difficile de débattre sur un tel terrain. Néanmoins, et la lecture de ce genre de livres peut aider, beaucoup adoptent ce positionnement par manque de connaissance. Surtout, on rappelle qu’avec l’évolution naturelle des IA, la posture risque d’être rapidement fragilisée (si ce n’est pas déjà le cas).
  • Ceux qui ne veulent pas parce qu’ils ont peur que cela ôte de la moëlle à leur activité professionnelle voire, pire, que l’IA les remplace : ce sera là notamment tout le rôle des entreprises et managers de savoir faire adopter l’IA dans un contexte vertueux car la crainte, selon le métier, peut être fondée. Un exemple frappant est ainsi pour moi le monde du graphisme avec tout ce qui tourne autour de l’originalité, de la créativité pure (puisque l’IA ne fait « que » s’inspirer et est par nature incapable de casser des codes) et même des droits. L’adoption de législation encadrant le déploiement de l’IA, réclamée par nombre de spécialistes comme Jean Michel Rodriguez aidera sans doute également à rassurer (voir son interview sur ce blog).

 Ceux qui se sont déjà saisis du sujet et tirent énormément parti des IA : tels les early adopters de l’IT, ils ne sont évidemment plus à convaincre ! En revanche, ils peuvent jouer un rôle en expliquant, en prouvant, voire en formant à condition de ne pas tomber dans l’excès d’optimisme et de faire croire que, je caricature, l’IA peut tout faire et bien. Si d’ailleurs vous voulez des comptes intéressants à  suivre sur le sujet, je vous invite à les mentionner en commentaires.

 

  • Ceux qui voient le potentiel mais ressemblent à « une poule qui a trouvé un couteau » comme le dit l’expression : j’en faisais partie et je crois que c’est la population la plus nombreuse. D’autant que les débuts peuvent vite donner l’impression que l’on a atteint son degré d’incompétence, le fameux principe de Peter. C’est aussi pour eux que le livre de Daniel Ichbiah par exemple est recommandé. Ici même, sur LinkedIn, on trouve également de plus en plus d’informations et de conseils pour sauter dans le train (ou la charrue, c’est selon).

  Ni bien ni mal, bien au contraire

Il m’a semblé important de partager mon cheminement tant le manichéisme entoure les débats autour de l’IA (voire tous les débats ^^). Il est parfois sain d’avoir des principes mais uniquement quand ceux-ci peuvent être remis en cause. Or entre les cris d’orfraie et le culte aveugle à l’IA, on passe trop souvent à côté de vrais débats, de vrais questionnements.

Sauf à challenger nos vies numériques (et pourquoi pas d’ailleurs), pourquoi ne pas vouloir considérer l’intelligence artificielle pour ce qu’elle est : un outil ? Ne faut-il pas la façonner pour qu’elle réponde toujours plus à de vrais besoins, l’encadrer pour que l’IH, l’intelligence humaine, qui la crée et l’utilise garde toute sa place ? C’est en évitant à ces questionnements, certes complexes, que les conséquences risquent d’être négatives…

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