Introduction

Aujourd’hui, la plupart des organisations ont recours en partie ou en totalité à la virtualisation des serveurs, que ce soit sur site ou dans le cloud. En quelques années, l’hyperviseur est devenu la plaque tournante du centre de données moderne qui se veut désormais hybride et dynamique.

Dès lors, la virtualisation n’est plus une destination comme elle pouvait l’être à l’ère de la consolidation des serveurs physiques durant les années 2000, mais bien un point de départ pour différents projets de modernisation des infrastructures. En effet, un environnement virtualisé favorise la mise en place d’un cloud privé ou hybride, ainsi que la migration de charges de travail vers une ou plusieurs plateformes de cloud public. De la même manière, une infrastructure de virtualisation se prête bien au déploiement d’une solution d’exécution de conteneurs comme Kubernetes.

Quel que soit le projet envisagé, la définition de son périmètre doit tenir compte de ces différents scénarios qui impliquent de nombreux acteurs qui n’existaient pas lorsqu’il s’agissait d’un simple projet de consolidation des serveurs physiques.

En gestion de projet, la notion de « périmètre » désigne l’ensemble...

Le projet de virtualisation

1. La mise en place d’un processus d’amélioration continue

Tout projet informatique implique une organisation qui va au-delà des technologies. Non seulement la phase de planification doit se concentrer sur l’architecture de la solution, mais elle doit aussi inclure les processus et le personnel qui seront impliqués dans le projet.

Dans toutes les phases du projet, les personnes, les processus et les technologies doivent être pris en considération à travers une approche itérative qui permet d’avoir des retours d’expérience rapides. Il est important de mettre en place un cycle d’amélioration continue dès le commencement du projet pour s’assurer d’avoir une collaboration efficace entre les acteurs impliqués. Cette approche a fait ses preuves depuis les années 2010 dans de nombreux domaines et son adoption doit être considérée dès les phases initiales du projet.

Amélioration continue

Dans les rares cas où la virtualisation n’est pas déjà implantée dans une organisation, la mise en place de ce type d’infrastructure peut nécessiter une gestion du changement. En effet, la virtualisation amène un changement de paradigme et une redéfinition des rôles de l’administrateur système traditionnel. Cet aspect doit être pris en compte très tôt dans la conception du projet et faire partie du cycle d’amélioration continue pour faciliter le processus de transition.

2. La gestion du changement

Avant même que le projet ne démarre, il faut anticiper le changement de culture qu’amène la virtualisation si l’organisation n’a pas encore expérimenté cette technologie avec un environnement complet comme vSphere. Le mode traditionnel des équipes informatiques divisées « en silos » n’est plus adapté aux stratégies de virtualisation d’aujourd’hui qui demandent davantage d’agilité.

L’agilité dans les technologies de l’information fait référence à la capacité d’une infrastructure ou de processus informatiques à s’adapter, c’est-à-dire à...

Les approches méthodologiques

Un projet de virtualisation est semblable à n’importe quel autre projet d’affaires et doit suivre le même type de méthodologies et de processus pour être réalisé avec succès.

Il existe différentes approches méthodologique pour réaliser un tel projet, mais elles comprennent en général les quatre phases suivantes :

1. Évaluation : cette phase consiste à rassembler toute l’information nécessaire pour mettre en œuvre la solution, c’est-à-dire les objectifs du projet, les exigences liées aux processus d’affaires, les niveaux de service à fournir, les contraintes et les risques éventuels. Il est indispensable de comprendre et de prendre en considération toute l’information recueillie, car c’est à partir de ces données que la conception et l’architecture de la solution seront réalisées.
2. Conception : durant cette phase, la conception (ou design) de la solution se fait en s’appuyant sur les informations recueillies dans l’étape précédente. Elle doit tenir compte de l’ensemble des exigences, des besoins et des objectifs de l’organisation. C’est durant cette étape que sont produits les documents d’architecture de la solution.
3. Mise en œuvre : dans cette phase, des preuves de concept (POC) et des essais sont effectués. Lorsque ces derniers sont acceptés, la solution est déployée dans l’environnement de production conformément aux documents d’architecture produits dans l’étape précédente.

Une preuve de concept (Proof of Concept, POC) est une démonstration qui a pour objectif de valider la faisabilité d’une idée ou d’une solution. Il s’agit généralement de faire l’essai d’une solution à petite échelle pour déterminer si elle répond aux besoins et aux attentes.

4. Vérification : cette dernière phase succède à la mise en production de la solution. Elle consiste à mettre en place une série...

Le modèle conceptuel VMware VCDX

Le modèle conceptuel VCDX a été développé pour la virtualisation des centres de données (Data Center Virtualization) dans le cadre de la certification VMware Certified Design Expert (VCDX). L’approche proposée se situe au confluent du modèle en cascade et du PDCA. Elle s’articule autour de trois étapes conceptuelles de base :

Design conceptuel (Conceptual Design)
Design logique (Logical Design)
Design physique (Physical Design)

Le modèle VCDX de VMware

Ce modèle a l’avantage d’être conçu pour les projets de virtualisation, plus spécifiquement pour le déploiement de VMware vSphere. Il ne s’agit donc pas d’une méthode « agnostique », mais les principes qu’elle propose sont pertinents pour tous les projets de virtualisation, quel que soit le fournisseur de la solution.

Dans les sections suivantes, nous utiliserons le terme « design » comme synonyme de « conception » afin de respecter la terminologie retenue par VMware. Ceci nous permettra également d’éviter les difficultés de traduction qui pourraient donner une tautologie telle que « conception conceptuelle » (conceptual design).

1. L’évaluation ou l’audit préliminaire

La phase de « design conceptuel » est précédée d’une étape préliminaire qui consiste à faire la « découverte » (discovery) ou l’évaluation des éléments à prendre en considération pour la solution. Il s’agit de rassembler l’information nécessaire sur l’entreprise et les objectifs visés pour le projet de virtualisation.

Un audit préliminaire d’une infrastructure déjà en place doit être effectué si le projet consiste à moderniser cette solution. L’information recueillie doit ensuite être analysée pour concevoir la solution et pour déterminer les choix des composants nécessaires au déploiement de vSphere.

Audit préliminaire et design conceptuel

L’audit préliminaire est un prérequis aux différents...

Les étapes du design logique

Les quatre volets du design logique

1. L’administration ou la supervision de la solution

Dans une infrastructure de virtualisation, le composant qui permet d’assurer la gestion centralisée des serveurs ESXi et des machines virtuelles est le serveur vCenter. Ce dernier comprend lui-même plusieurs composants et fonctionnalités qui doivent être examinés pour être en mesure de dimensionner correctement les ressources matérielles et assurer la compatibilité entre les produits VMware déployés dans l’environnement.

Le design logique de la plateforme de gestion doit aussi prendre en considération la disponibilité, la capacité à sauvegarder et restaurer le vCenter et la sécurité des composants de ce dernier.

Le diagramme suivant montre comment la conception de la gestion est intégrée dans le processus de design logique :

Le design logique : supervision

Voici quelques exemples de questions qu’il convient de se poser au cours du processus de conception de l’infrastructure de gestion :

Quels composants sont nécessaires pour gérer l’environnement de virtualisation ?
Comment les composants de gestion seront-ils déployés ?
Quelles sont les ressources nécessaires pour prendre en charge les composants de gestion ?
Quel impact pourrait avoir la perte ou le dysfonctionnement d’un élément de gestion sur l’environnement ?
Comment se remettre de la perte ou du dysfonctionnement d’un composant de gestion ?
Comment mettre à niveau et appliquer les correctifs aux composants de gestion ?

Pour le dimensionnement des composants, VMware met à disposition des données sur les configurations maximales pour chaque type d’environnement qu’il peut être utile de consulter, en particulier pour les déploiements de très grande taille. Cette information est disponible à l’adresse suivante :

https://configmax.esp.vmware.com/

Des aspects plus spécifiques au déploiement d’un serveur vCenter doivent également être évalués lors du design logique :

Identifier des composants et des dépendances du vCenter
Sélectionner une option de déploiement du vCenter
Déterminer...

Les étapes du design physique

Le design physique succède au design logique et permet d’identifier chaque composant majeur de l’infrastructure de virtualisation.

Le design physique

Le dimensionnement du matériel, tant pour la capacité que pour les performances, peut être accompagné de l’évaluation initiale des infrastructures existantes.

Dans le design physique, il s’agit de fournir une solution précise qui comprend les technologies et les fournisseurs de matériel retenus. Comme pour le design logique, le document d’architecture doit donner aperçu du design physique et allouer une section pour chaque composant important retenu.

Ces composant sont :

les ressources de traitement
les ressources de stockage
les ressources réseau

Il faut aussi considérer les deux éléments suivants :

les ressources nécessaires à la sauvegarde et la restauration
les ressources nécessaires à la reprise après sinistre

Les documents du design physique contiennent les détails du matériel physique choisi ainsi que les configurations du matériel physique et virtuel.

Ils détaillent les fournisseurs et les modèles choisis et ce qui justifie leur choix. Le design physique doit également inclure des schémas d’architecture qui décrivent la configuration des ressources physiques, telles...

L’approbation et la mise en œuvre

Avant de soumettre un projet de virtualisation, il faut également tenir compte des licences qui s’appliquent autant à l’environnement virtuel (vCenter, hôtes ESXi) qu’aux applications et aux systèmes d’exploitation.

Bien que nous n’ayons pas évoqué ce point, il peut y avoir du matériel réutilisable dans l’environnement existant. S’il n’est pas suffisamment performant pour la virtualisation, il peut être considéré pour la reprise après sinistre, par exemple.

La sécurité, la surveillance et la protection de l’environnement sont également des points cruciaux à prendre en compte avant de faire approuver le projet et le mettre en œuvre. Nous en ferons la présentation dans le chapitre suivant.

Une fois les étapes de l’évaluation, du design logique et du design physique complétées et que les documents d’architecture ont été rédigés, la solution peut être soumise aux décideurs pour approbation. L’accompagnement de l’architecte de solutions est essentiel lors de cette étape afin de justifier les choix technologiques et les coûts qui y sont associés, car l’informatique est souvent considérée comme un « puits sans...

Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons tenté de donner certaines orientations pour la planification et la conception d’un projet de virtualisation. Les méthodologies que nous avons parcourues peuvent s’appliquer à différents types de projets : déploiement d’un nouvel environnement de virtualisation, rehaussement, migration vers le cloud ou consolidation de serveurs physiques existants.

Nous avons insisté plus particulièrement sur la méthode VCDX de VMware qui est à la fois simple puisqu’elle est structurée en trois étapes principales (évaluation, design logique et design physique) et elle procède par questionnements généraux qui se concrétisent tout au long de la conception du projet.

La sécurité et la haute disponibilité sont également des aspects essentiels à la planification et la conception d’un projet de virtualisation sur lesquels nous n’avons pas insisté ici parce qu’ils méritent une présentation plus détaillée. Le prochain chapitre nous permettra d’approfondir ces notions.

Planifier un projet de virtualisation