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Extrait - Green IT Les clés pour des projets informatiques plus responsables
Extraits du livre
Green IT Les clés pour des projets informatiques plus responsables
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Les impacts du numérique

Introduction

Avant de poursuivre et de parler de l’impact du numérique sur la planète et de sa contribution aux crises écologiques, rappelons brièvement à quel point cet outil est formidable et a changé nos vies et nos sociétés dans le bon sens.

Commençons par le plus évident : au moment où nous écrivons ces lignes, au début de l’année 2022, l’intérêt du numérique comme moyen de communication est indiscutable. Grâce à cet outil, une large part de la société a pu continuer à travailler malgré les confinements, couvre-feux et autres restrictions. Le télétravail existait déjà avant la crise du Covid 19, il existait même déjà des digital nomads, des indépendants profitant de la possibilité de télétravailler pour voyager. Mais en 2021, il est devenu impossible de nier que l’on peut mener des projets sans problème avec les membres de l’équipe dispersés dans leur domicile respectif. Ce livre en est un exemple : nous n’avons pas physiquement rencontré l’éditeur et ne vivons pas au même endroit.

En fait, grâce au numérique, n’importe qui peut toucher le monde entier depuis son salon. Tous les créateurs de contenus, musiciens, auteurs, dessinateurs, créateurs de vidéos divertissantes ou instructives, peuvent toucher leur audience sans se déplacer. Auparavant, il fallait être au bon endroit pour avoir les connexions sociales et professionnelles adéquates pour une carrière d’artiste. De plus, ces créatifs peuvent financer leurs projets avec des dons grâce au crowdsourcing.

Le numérique facilite grandement l’accès au savoir et à...

Impact du numérique mondial

Quelle est la part du numérique dans l’impact écologique de l’humanité ? Des études récentes nous fournissent des chiffres sur le rôle de ce secteur dans les crises écologiques, son ampleur, sa répartition et son évolution.

1. Un impact non négligeable

Le Shift Project, un think tank (groupe de réflexion) dédié à la réflexion sur l’action autour des questions énergie et climat, a produit en 2018 un rapport donnant un chiffre de l’empreinte carbone du secteur, chiffre mis à jour en 2021. Selon eux, le numérique est lié à 1,84 Gt équivalent CO2 en 2019, soit 3,5 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial [Lien 1]. Ce pourcentage peut sembler petit, mais il est du même ordre que l’impact d’autres secteurs plus couramment associés au dérèglement climatique. Les véhicules légers (voitures) représentent par exemple 8 % des émissions et l’aviation civile 2,5 %.

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Comparaison des émissions de GES de différents secteurs : aviation, numériques, véhicules, d’après The Shift Project

GreenIT.fr, une communauté d’acteurs qui travaillent autour de l’impact du numérique et de ses solutions, a produit en 2019 une étude sur l’impact du numérique au niveau mondial. Les émissions de gaz à effet de serre associées au secteur sont estimées à 3,8 % [Lien 2], soit le même ordre de grandeur que les chiffres du Shift Project. Leur étude se veut plus complète, basée sur une ACV (analyse de cycle de vie - voir le chapitre Mesurer les impacts d’un SI) de type screening. Elle inclut également...

Impacts de la phase d’usage des infrastructures et terminaux

1. La production d’électricité

Lors de leur utilisation, les appareils numériques consomment de l’électricité.

L’électricité peut être produite à partir de différentes sources : à partir de charbon, de gaz, d’uranium, d’eau, de vent, de la lumière du soleil, etc. Certaines d’entre elles, notamment les énergies fossiles (gaz, charbon), mais aussi les barrages, peuvent être mobilisées rapidement pour répondre à un pic de la demande. Les énergies renouvelables intermittentes (solaire, éolien) sont dépendantes des éléments : s’il fait nuit ou qu’il n’y a pas de vent, il n’y a pas de production, il faut donc d’autres sources pour compenser.

Il n’existe pas d’énergie propre. Toutes les sources d’énergie ont des inconvénients. Les énergies fossiles émettent beaucoup de gaz à effet de serre, le nucléaire produit des déchets dangereux et à longue durée de vie (mais en petit volume et partiellement recyclables), le solaire et l’éolien réclament de grandes quantités de matériaux. Il faut par exemple 4 000 éoliennes pour remplacer la centrale de Fessenheim [Lien 6], chacune nécessitant des tonnes de béton et des matériaux composites pour les pales. Il faut du cuivre pour raccorder chaque panneau solaire et chaque éolienne au réseau électrique. Ces panneaux solaires nécessitent de consommer beaucoup de sable pour le verre, du silicium et d’autres matériaux rares nécessaires pour l’électronique. Construire un barrage hydroélectrique nécessite...

Impacts de la fabrication des terminaux

Comme nous l’avons vu, la fabrication des appareils est responsable de la majeure partie des impacts environnementaux du numérique. Dans cette section, nous allons voir plus en détail quels sont ces impacts et leurs causes, ainsi que les limites à la croissance du numérique dans le monde et les risques associés.

1. Fabriquer un appareil high-tech : une tâche environnementalement coûteuse

a. Des émissions de gaz à effet de serre conséquentes

Le Shift Projet nous indique dans son rapport Lean ICT de 2018 que pour un smartphone, 90 % des gaz à effet de serre émis par l’objet dans toute sa vie sont émis à sa fabrication. Si on prend les données de l’ADEME issues de l’étude de 2018 « Modélisation et évaluations des impacts environnementaux de produits de consommation et biens d’équipements », on trouve une proportion similaire de 87 % d’émissions à la fabrication pour un smartphone, environ 74 % pour un ordinateur portable ou encore 82 % pour une télévision. Ce ratio est plus équilibré pour des appareils beaucoup moins miniaturisés et plus consommateurs d’électricité comme les sèche-linge ou lave-linge. Il y a aussi des données sur un ordinateur haute performance, où l’impact de l’utilisation domine légèrement.

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Répartition des émissions de GES par étape du cycle de vie de divers appareils électriques, d’après la base carbone de l’ADEME

Pour les appareils high-tech, à l’exception des serveurs, la majorité des émissions de gaz à effet de serre est donc à la fabrication. En effet, il faut beaucoup d’énergie...

Impacts lors de la fin de vie des terminaux

Comme nous l’avons vu, le secteur du numérique est responsable d’impacts environnementaux lors de l’usage des appareils, à travers la consommation d’électricité, ainsi qu’à la fabrication de ceux-ci, avec les impacts de l’exploitation minière, de la fabrication et du transport des composants. Qu’en est-il quand ces appareils sont en fin de vie ? A-t-on là aussi des impacts environnementaux importants ? Le recyclage permet-il d’économiser des ressources naturelles ?

1. Les DEEE

Comme tous les produits, à la fin de leur vie, les appareils numériques deviennent des déchets. On parle de DEEE : déchets d’équipements électriques et électroniques. D’après France Stratégie, 52 millions de tonnes de DEEE ont été produites dans le monde en 2021, et ce volume est en croissance de 3 à 4 % par an. Seuls 17,4 % de ces déchets sont récupérés et recyclés. Tout le reste des matières premières utilisées pour fabriquer ces appareils avec, comme on l’a vu, des coûts et des impacts importants, est perdu [Lien 27].

2. Le recyclage : une solution suffisante ?

Les ressources naturelles qui ont été extraites et se trouvent aujourd’hui présentes, sous la forme de produits manufacturés dans nos maisons, tiroirs, garages, entrepôts et décharges, peuvent être vues comme des réserves exploitables pour répondre à la demande de matériaux pour la production de nouveaux biens. On parle d’ailleurs de « mines urbaines ». De fait, il y a une plus forte concentration d’or dans un smartphone que dans les minerais des mines...

Références pour ce chapitre

1. The Shift Project, « Impact environnemental du numérique : tendance à 5 ans et gouvernance de la 5G », mars 2021, https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2021/03/Note-danalyse_Numerique-et-5G_30-mars-2021.pdf

2. GreenIT.fr, « Empreinte environnementale du numérique mondial », 2019, https://www.greenit.fr/empreinte-environnementale-du-numerique-mondial/

3. Charlotte Freitag, The climate impact of ICT: A review of estimates, trends and regulations, and Mike Berners-Lee, https://arxiv.org/ftp/arxiv/papers/2102/2102.02622.pdf

4. Gauthier Roussilhe : « Peut-on mener de front la numérisation et la transition écologique ? », https://gauthierroussilhe.com/post/explication-empreinte.html

5. Haut Conseil pour le climat, « Maîtriser l’impact carbone de la 5G », 2020, https://www.hautconseilclimat.fr/publications/maitriser-limpact-carbone-de-la-5g/

6. France Info, « Désintox. Il faudrait 7000 éoliennes pour compenser la fermeture de Fessenheim ? Faux ! Soyons précis sur les chiffres », juin 2018, https://www.francetvinfo.fr/societe/nucleaire/desintox-il-faudrait-7000-eoliennes-pour-compenser-la-fermeture-de-fessenheim-faux-soyons-precis-sur-les-chiffres_2799831.html

7. Base carbone ADEME, https://www.bilans-ges.ademe.fr/documentation/UPLOAD_DOC_FR/index.htm

8. Pour la science, « Le vrai coût énergétique du numérique », novembre 2020, https://www.pourlascience.fr/sd/environnement/le-vrai-cout-energetique-du-numerique-20490.php

9. Lawrence Berkeley National Laboratory, « Characteristics and Energy Use of Volume Servers in the United States », https://escholarship.org/content/qt8bb5j7ww/qt8bb5j7ww.pdf

10. IEA, « Data Centres and Data Transmission...