Architectures opérateur et WAN
Le cadre légal des opérateurs en France
1. Définition
Selon l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (ARCEP), un opérateur de communications électroniques est une entité qui établit ou exploite des réseaux de communications électroniques ouverts au public ou fournit des services de communications électroniques au public (article L.32 du Code des postes et des communications électroniques). Cela signifie qu’un opérateur est une entité qui possède et/ou exploite une infrastructure de réseau télécom.
Nous connaissons tous les quatre grands opérateurs commerciaux grand public que sont Orange, Free, Bouygues et SFR. Ces derniers officient en tant qu’opérateurs de téléphonie, fournisseurs d’accès à Internet et opérateurs d’autres opérateurs. Pourtant, ce sont plus de 1 800 entreprises qui sont enregistrées auprès de l’ARCEP en tant qu’opérateurs de communications électroniques. Ce nombre inclut donc une diversité d’acteurs, des quatre grands opérateurs nationaux aux fournisseurs spécialisés ou régionaux. La liste des opérateurs est d’ailleurs consultable sur le site de l’ARCEP : https://www.arcep.fr/
2. Les différents types d’opérateurs
a. Les FAI : fournisseurs d’accès à Internet
Par définition, l’opérateur télécom est une entreprise qui déploie et exploite des infrastructures de télécommunications, il possède donc son propre réseau et peut vendre l’accès à d’autres entreprises. Un FAI (Fournisseur d’accès à Internet) est une entreprise qui commercialise une offre d’accès à Internet, souvent en s’appuyant sur l’infrastructure d’un opérateur. Un FAI peut être un opérateur (ex. : Orange) ou simplement louer l’infrastructure d’un autre opérateur (ex. : OVH Télécom utilise en partie les réseaux d’Orange et SFR). Rien n’oblige un FAI à posséder sa propre infrastructure...
Organisation technique des FAI
1. Registres Internet régionaux (RIR)
Un RIR (Registre Internet régional) est une organisation à but non lucratif qui est chargée d’allouer et de gérer les ressources internet dans une zone géographique donnée et donc les blocs d’adresses IP publiques (IPv4 et IPv6) ainsi qu’un numéro d’identification appelé numéro d’AS ou ASN (Autonomous System Number) qui permettra l’identification du propriétaire du bloc d’adresses ainsi que le routage des adresses du bloc sur l’Internet.
Il existe cinq RIR au niveau mondial qui se partagent (inéquitablement) les blocs d’adresses.
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RIR |
Zone couverte |
Siège |
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RIPE NCC |
Europe, Moyen-Orient, Asie centrale |
Amsterdam (Pays-Bas) |
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ARIN |
Amérique du Nord |
États-Unis |
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LACNIC |
Amérique Latine, Caraïbes |
Uruguay |
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AFRINIC |
Afrique |
Maurice |
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APNIC |
Asie et pays du Pacifique |
Brisbane (Australie) |
Cinq registres mondiaux (RIR) : nom, zone et siège social
Le RIPE NCC est le RIR responsable de la France. Si une entreprise française (FAI ou hébergeur par exemple) souhaite obtenir ses propres blocs d’IP, elle doit devenir membre du RIPE NCC (moyennant finance) et deviendra alors LIR (Local Internet Registry). Vous pouvez consulter tous les détails administratifs et techniques sur le site du RIPE NCC : https://www.ripe.net/
2. Blocs IP et numéro d’AS (ASN)
Internet peut se voir comme un ensemble d’AS connectées qui communiquent via un protocole de routage dynamique appelé BGP (Border Gateway Protocol). On peut alors circuler d’une AS vers une autre, c’est-à-dire d’opérateur en opérateur qui forment alors une « toile ». C’est grâce à l’ASN que les routes IP sont échangées entre opérateurs permettant alors de définir une frontière logique entre réseaux (entre AS différents). Un opérateur ou FAI peut avoir plusieurs ASN pour différentes filiales, réseaux ou services.

AS12322 de l’opérateur Free selon bgp.tools

AS206713 appartenant à France Télévision : même les entreprises peuvent gérer leurs blocs IP

La société OVH possède trois AS en son nom selon...
Gestion de la boucle locale et raccordement physique au FAI
1. Vue d’ensemble de l’acheminement du trafic de l’utilisateur final vers Internet
Entre la box/le routeur opérateur installé localement chez vous ou dans votre entreprise et le routeur de votre opérateur permettant d’accéder aux autres opérateurs (c’est-à-dire à tout l’Internet) situés par exemple dans un IXP, vos données vont être acheminées via plusieurs couches techniques et plusieurs types d’opérateurs et sous-traitants, notamment en ce qui concerne la liaison physique de votre entreprise ou domicile qui transite via les infrastructures de la commune et donc le domaine public : c’est ce qu’on appelle la boucle locale.
La boucle locale connecte l’abonné au réseau physique de l’opérateur (xDSL, Fibre ou 5G). Cette connexion nécessite des intermédiaires. En xDSL par exemple, c’est Orange (anciennement France Telecom) qui détient le monopole de cette boucle locale cuivrée utilisée historiquement pour les appels téléphoniques puis à la fin des années 1990 pour l’acheminement du trafic internet. Orange a d’ailleurs commencé à fermer progressivement ce réseau cuivre, programme prévu jusqu’en 2030, l’objectif étant la généralisation de la fibre optique.
Pour ces connexions fibre optiques, c’est un peu différent, car il n’y a pas de monopole historique. En effet, ce sont plusieurs opérateurs (grand public ou non) qui peuvent mettre en place cette boucle locale : on peut donc être abonné chez Bouygues ou chez un opérateur local associatif (l’opérateur de services) mais utiliser une boucle locale installée et/ou gérée par un ou plusieurs autres opérateurs dits « opérateur de collecte » et/ou « opérateur d’infrastructure ». Les quatre opérateurs grand public sont d’ailleurs des opérateurs de collecte et d’infrastructure et des opérateurs de services, mais cela ne veut pas forcément dire que pour un accès donné, la collecte et le service sont assurés par la même entité....