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Quatre principes pour ne pas faire et refaire

KISS : keep it simple, stupid !

1. L’avion qui valait 1 700 milliards

Le F-35 est un avion militaire américain, dont le développement a commencé en 1992 et qui devrait équiper les États-Unis et ses alliés jusqu’en 2070. Il représente l’avion du futur :

  • Il est furtif.

  • Il nécessite peu de maintenance.

  • Il offre au pilote une vision consolidée des airs via une armée de capteurs.

  • Il agrège les données reçues de tous les F-35 en vol pour créer un champ de bataille électronique.

Un avion de combat F-35 lors d’un vol de test en 2011

Un avion de combat F-35 lors d’un vol de test en 2011 (auteur : US Navy/source : pixabay.com)

Voilà un projet plutôt attrayant pour un militaire, n’est-ce pas ? Il fait pourtant l’objet d’une levée de boucliers d’une partie des pilotes américains qui refusent de voler à son bord. Pourquoi ?

  • Le logiciel de détection des pannes conçu dans les années 90 est exposé aux menaces de piratage informatique. 

  • La vision de nuit ne fonctionne pas les nuits sans lune (véridique !).

  • Le radar affiche plus d’avions que ceux repérés et confond parfois amis et ennemis. 

Ajoutez à cela le fait que le F-35 a perdu un combat virtuel contre le F-16, son aïeul plus âgé de 40 ans. Enfin, son budget initial de 400 milliards de dollars est épuisé depuis longtemps...

Capitalisez : ne réinventez pas la roue !

1. L’aéroport fantôme de Castellon

L’aéroport international de Castellon, en Espagne, a été surnommé par les riverains "premier aéroport piétonnier du monde". Achevé depuis 2011, il n’a accueilli aucun avion jusqu’en 2015, année où RyanAir a établi une première ligne régulière. En 2019, il a reçu 125 448 passagers, loin des 1,2 million nécessaires à sa rentabilité.

La salle d’attente déserte d’un aéroport

La salle d’attente déserte d’un aéroport (auteur inconnu/source : pixabay.com)

Il faut dire que l’aéroport de Castellon se trouve à 100 km au nord de celui de Valence, qui accueille déjà 5 millions de passagers annuels et se révèle bien desservi par les transports. Mais alors, pourquoi un aéroport aussi important a-t-il été construit à Castellon ? C’est très simple : il n’y a eu aucune évaluation des structures existantes.

C’est l’un des torts fréquemment observés lors du lancement d’un projet. Quand vous créez quelque chose de nouveau, vous n’avez aucune envie de réutiliser des vieilleries conçues par des services concurrents, qu’elles soient fonctionnelles ou non. Pourtant...

Itérez pour affiner

Imaginez que l’on vous confie la tâche d’envoyer une fusée pour atteindre Mars. Allez-vous fondre sur votre table à dessin bille en tête pour crayonner l’intégralité du dessin technique, incluant toutes les cotes et les vues en perspective ?

Cette approche est séduisante parce qu’elle donne l’impression de pouvoir écarter tout risque d’échec. Pourtant, supprimer les risques est impossible : rappelez-vous, un projet introduit un changement, donc une incertitude ! Un niveau élevé de détail dès le premier abord vous permettra certes de clarifier ce qui doit être fait à la virgule près, mais portera en germes de nouveaux risques :

  • gaspillage de temps et d’argent là où une étude de haut niveau aurait pu suffire à écarter un projet,

  • perte d’opportunités sur d’autres projets plus bénéfiques qui auraient pu être lancés à la place,

  • etc.

La meilleure approche est donc de définir votre projet par itérations successives, au moment où vous en avez besoin. Dans notre projet de fusée, on pourrait par exemple imaginer trois niveaux de définition successifs.

Itération

Niveau

Éléments

Permet de...

Première

Voyage

Fusée, lancement, voyage...

Concentrez-vous sur le besoin

1. Pensez structure et non peinture

Connaissez-vous Cyril Northcote Parkinson ? Ce professeur et historien britannique s’est intéressé en 1955 au fonctionnement des administrations de la Grande-Bretagne. Il en déduisit sa loi éponyme : "tout labeur se distend jusqu’à combler le temps disponible pour l’achever".

Bien que ce soit sa loi la plus célèbre, ce n’est pas la seule qu’il ait conçue. Son travail d’analyse lui a également permis d’édicter des principes secondaires, telle sa loi de futilité, surnommée "loi de l’abri à vélos".

Images/Recp158.png

De quoi s’agit-il ? Imaginez la réunion d’un comité de financement chargé de statuer sur deux projets : l’édification d’un réacteur nucléaire à 10 millions d’euros et la construction d’un abri à vélos pour les employés à 3000 euros. Le premier projet est si complexe que seuls les experts en nucléaire s’expriment, et encore n’osent-ils pas prendre l’initiative de proposer une modification du plan compte tenu de son coût exorbitant. Le projet est évalué en 2 minutes 30.

Le second projet est plus facilement compris de tous : tout le monde visualise ce qu’est un abri à vélos et chacun a une histoire personnelle à raconter à propos du choix des matériaux, des ouvriers ou du meilleur endroit pour le construire.

La discussion s’enflamme donc : faut-il choisir un toit en acier ou en aluminium ? Peinture bleu ciel ou vert pelouse ? Abri à vélos ou garage fermé ? Après 2 heures d’échange, on parvient à la conclusion qu’une évaluation doit être menée pour savoir si le type de peinture permettrait éventuellement de faire économiser 500 euros (somme déjà engloutie par le coût de cette première réunion).

Nous avons tous fait l’expérience de ce genre de réunion. Elles restent inévitables. Il y aura d’innombrables débats sur des questions plus ou moins légitimes. À chaque instant de cette épopée...