Un projet est humain : les rôles

1. Choisir les uniformes sans les soldats

Que vous soyez directeur, patron ou manager, la tentation est parfois grande de mettre en place un projet sans impliquer personne d’autre que vous-même. À quoi bon, dans un projet, s’encombrer d’autres personnes qui pourraient mal le comprendre, le déformer, le ralentir ?

Toutes ces craintes sont fondées et il faudra faire preuve de pédagogie pour engager tous les membres du projet dans l’aventure. Mais ne pas les impliquer du tout vous exposerait à des problèmes plus grands encore, comme nous allons le voir avec le projet de l’armée de terre des États-Unis de renouveler le motif des tenues de camouflage.

Anecdotique comme projet ? Pas du tout ! Initié en 2003, ce projet est doté d’un budget de 5 milliards de dollars. Son objectif est de développer un nouvel uniforme universel, adapté à tous les théâtres d’opérations où l’armée américaine est engagée : forêt, désert, montagne... Quel que soit l’endroit où seraient déployés les soldats, leurs uniformes seraient adaptés : finis la logistique coûteuse et les vêtements en surnombre ! Sur le papier, le projet est plus que rentable.

L’armée américaine lance donc un appel d’offres auquel répondent 22 sous-traitants. Au terme des phases d’essais réalisées dans des environnements reconstitués en laboratoire, quatre motifs restent en lice, dont :

Le premier motif est mesuré comme étant le plus discret dans...

1. Les ennemis du changement

Nous avons cité l’exemple de l’armée américaine qui prépare de nouveaux uniformes de terrain pour ses soldats sans les leur faire tester ni même leur demander leur avis. Impensable, vous ne trouvez pas ?

Mais êtes-vous certain que, dans votre propre métier, vous n’avez jamais reproduit le même travers ?

Si vous avez répondu "non" à certaines de ces questions, rassurez-vous : vous n’êtes pas seul dans ce cas. Tous ces exemples sont tirés de faits réels. Les troisièmes et cinquième cas sont même des exemples publics : un échec à 40 millions de dollars de la compagnie aérienne Qantas en 2007, et un autre...

1. Son rôle de saint patron du projet

Le sponsor est la personne qui protège le projet des menaces jusqu’à ce qu’il atteigne son terme. On peut voir le sponsor comme l’armateur du projet :

Le sponsor est parfois désigné sous les termes de commanditaire, porteur stratégique, mandant ou champion métier.

Voilà un rôle d’apparat dont on peut facilement se passer, n’est-ce pas ? Faux ! Ne vous y trompez pas : le sponsor est vital pour la réussite du projet. Si le projet n’a pas de sponsor, il est voué à l’échec. Cependant, si plus d’un sponsor supervise le projet, le risque est grand de les voir s’opposer et conduire le projet au fiasco.

1. Son rôle de cheville ouvrière

Le responsable métier est la vigie qui décrit la terre aux marins restés sur le pont (les fournisseurs) :

C’est grâce à lui que le projet reste dans le chenal défini pour le voyage. Le responsable métier voit l’objectif à atteindre : c’est lui qui le décrit en éléments réalisables par le fournisseur.

Le responsable métier peut avoir d’autres noms, avec des responsabilités similaires : responsable fonctionnel (business owner), utilisateur clé (key user), propriétaire du produit (product owner), maître d’ouvrage (dans le bâtiment ou la banque). Le nom qu’on lui donne n’est pas très important ; mais son existence est primordiale.

Comme le sponsor, le responsable métier doit être unique pour éviter les divergences d’opinions. S’il y en a plusieurs, un seul doit représenter tous les autres, qui s’interdisent d’intervenir sans passer par ce représentant.

1. Ce qu’est le fournisseur...

Il s’agit de la ou des personnes responsables de réaliser la solution :

Chaque fournisseur est représenté par un responsable ou un chef d’équipe.

Rôles du fournisseur

2. ...et surtout ce qu’il n’est pas

Arrêtons-nous un instant sur les responsabilités du fournisseur. Une erreur commune est de considérer le fournisseur comme un coupable idéal, rendu responsable, par exemple, d’un budget mal appréhendé ou d’un dépassement de temps dont il n’est pas forcément l’initiateur....

1. Son rôle de capitaine du navire

Le responsable du projet est le capitaine qui s’assure que :

Il supervise le projet au quotidien à partir de la définition du cahier des charges (seconde phase : formalisation) jusqu’à sa clôture (quatrième phase : déploiement) et a donc un rôle central dans son aboutissement.

Notez que ce rôle porte habituellement le nom de "chef de projet". Il s’agit d’une traduction approximative du terme anglais project manager. Concevoir le responsable du projet comme un général qui envoie ses troupes en première ligne serait maladroit : les membres du projet seraient réduits à de simples exécutants. Les impliquer dans les orientations du projet est un moyen autrement plus efficace pour garantir leur motivation.

Rôles du responsable de projet

2. Choisir le responsable de projet

Le responsable de projet est au croisement de tous les autres rôles. Tel Shiva, le dieu hindou aux multiples bras, il doit posséder des compétences sociales très variées pour faire aboutir le projet :