Évoluer ou trépasser
Stagner, c’est régresser
Baisse d’activité, endettement, mauvaise gestion... les causes du dépôt de bilan sont nombreuses. Mais saviez-vous que le fait de continuer vos affaires comme d’habitude, avec un produit phare et une clientèle bien établie, fait peser un risque énorme sur votre organisation ? En langage courant, c’est ce qu’on appelle "se reposer sur ses lauriers", et c’est une cause d’échec beaucoup plus courante que ce que l’on croit.
1. Aucun déclic salvateur pour Kodak
Vous rappelez-vous du petit cylindre jaune de la pellicule Kodak ? Il a apporté le succès à la société avec 90 % de parts de marché au milieu des années 1980. Et puis brusquement, au milieu des années 1990, il a disparu. Et en 2012, l’empire Kodak s’effondrait sur un dépôt de bilan.
Que s’est-il passé entre les deux ? Une évolution technologique élémentaire : la photographie est passée de l’argentique au numérique. Mais si je vous dis que c’est Kodak qui a inventé le premier appareil photo digital en 1975, comment se fait-il que ce soient maintenant Nikon, Canon, Panasonic ou encore Olympus qui dominent le marché ?
Revenons un siècle en arrière. Lorsqu’il fonde...
Pourquoi évoluer ?
À la lecture de ces différents échecs entrepreneuriaux, vous serez peut-être enclin à penser que votre organisation est d’ores et déjà condamnée et qu’il n’y a plus qu’à se faire une raison et mettre la clé sous la porte. Faux ! Car l’histoire de chacune de ces défaites est étroitement liée au succès d’un challenger.
1. Fuji : le phénix renaît de ses cendres
Ainsi, la descente aux enfers de Kodak a été amorcée dès les années 1980 par les attaques répétées du concurrent japonais Fuji, armé de sa force d’innovation. Alors que Kodak adopte une position de "dragon couché sur sa montagne d’or", Fuji crée de la valeur, invente l’appareil photo jetable, travaille la qualité chimique de ses films.
Lorsqu’en 2004, l’avènement du numérique consacre la suprématie de l’électronique sur la chimie, Fuji se réinvente et met fin à une expérience photographique vieille de 70 ans. Fuji est experte en chimie : elle réoriente sa production vers les écrans LCD, la cosmétique, les médicaments !

Gamme de soins de la peau Astalift, des laboratoires Fujifilm, lauréat du Good Design Award 2012 (auteur : Mj-bird/source : Wikimedia Commons, licence Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported)
Tout comme les échecs, les exemples de réussite sont légion :
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Qui se rappelle qu’Apple était au bord de la faillite en 1997, loin des 50 milliards de dollars de bénéfices réalisés en 2021 ? La firme à la pomme a rebondi avec l’iMac G3 en 1998, l’ordinateur personnel aux couleurs acidulées.
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L’industrie française a-t-elle été intégralement délocalisée ? Non, car une entreprise française, la Société d’emboutissage de Bourgogne (SEB), résiste encore et toujours, grâce à son arme secrète : l’innovation. Ainsi, pour honorer sa garantie de 10 ans sur tous ses appareils, elle utilise des imprimantes 3D pour recréer n’importe...
Un projet, pour quoi faire ?
Pourquoi cet engouement autour du concept de projet ? Après tout, me direz-vous, si vous savez où vous souhaitez aller et que vous avez une personne sous la main qui peut s’en occuper, à quoi bon dépenser du temps et de l’argent dans la gestion de projet ?
1. Assassinat financier au FBI
C’est ce que pensait le FBI, la police fédérale américaine, au début des années 2000. Le service n’a pas beaucoup évolué depuis l’époque des "cabinets", ces grandes armoires remplies de petits tiroirs rectangulaires qu’avait mis en place l’administration Hoover entre 1935 et 1972.

Un meuble à fiches cartonnées au Parc national de Zion, dans l’Utah (auteur : Carl E. Jepson/source : US National Park Service)
Les agences régionales se sont, certes, dotées d’un système informatique. Mais celui-ci n’est pas interconnecté et les recherches d’informations sur un suspect sont donc cantonnées à une zone géographique.
Nombreux sont les agents à conserver des chemises cartonnées dans leur bureau, qu’il est donc impossible de consulter sans connaître le nom de l’agent - et le fait qu’il ait enquêté sur une affaire en lien avec la sienne. Bref, pour une agence nationale, la situation est un cauchemar, et il est impératif de passer rapidement du 20e au 21e siècle - à marche forcée, s’il le faut.
Un prestataire est donc sélectionné. Une idée générale du nouveau système est donnée : remplacer tous les systèmes existants avec un nouveau système unifié, en une seule fois, et en ne perdant aucune donnée. Pour aller plus vite, on n’entre pas trop dans les détails : des utilisateurs des systèmes antérieurs sont improvisés chefs de projet pour le nouveau système. Certains ont déjà développé des macros sur des tableurs : ils sont investis ingénieurs en développement.
Le développement commence. Mal définies, les fonctionnalités livrées ne correspondent pas aux attentes du FBI : ses agents changent donc...
Une gestion de projet, pour quoi faire ?
Un projet est donc nécessaire pour bien évaluer un changement affectant la structure de l’organisation, c’est une affaire entendue. Mais pourquoi devoir également gérer ce projet ?
1. Deepwater, 61 milliards jetés à l’eau
Vous avez certainement entendu parler de l’explosion en 2010 de la plateforme pétrolière de la société BP Deepwater Horizon, suivie de la plus grande marée noire de l’histoire humaine. Considéré comme le Tchernobyl de l’industrie pétrolière, ce désastre industriel avait pourtant commencé comme un projet parfaitement contrôlé.

L’incendie de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique (auteur : U.S. Coast Guard/source : wikimedia.org)
Pour mettre en production un puits de pétrole, il y a globalement deux grandes étapes :
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forer un conduit jusqu’au réservoir d’hydrocarbure, et
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appareiller ce conduit avec des tubes reliés à des installations de surface qui purifient le liquide et le rendent exportable.
Pour réaliser des gains d’échelle, chaque étape est réalisée par campagne : une campagne de forage d’abord, puis une campagne d’appareillage quelques semaines ou mois plus tard.
L’explosion de la plateforme Deepwater Horizon s’est produite à la fin de la première étape. Le conduit a atteint la poche de pétrole et ses parois ont été cimentées avec succès pour qu’il reste ouvert. Puis, avant que la plateforme de forage ne soit déplacée vers une nouvelle zone de forage, il ne restait plus qu’à installer un bouchon de ciment pour empêcher les hydrocarbures sous pression de remonter tant que le puits n’était pas appareillé.
Tout était donc prévu...
Les 4 phases d’un projet
Il faut voir un projet comme un fleuve : bien géré, il reste dans son lit, progressant normalement jusqu’à son embouchure. Mal géré, il aura vite fait de déborder sur les terres productives de l’organisation et de les transformer en marécage.
Justement, saviez-vous que les grands fleuves font systématiquement l’objet de mesures de contrôle contre les crues ? Grands lacs artificiels sur la Seine, retenues sur la Loire, barrage d’Assouan sur le Nil... Pour bien gérer un projet, c’est exactement le même principe : il y a différentes étapes de contrôle à mettre en place au cours d’un projet pour s’assurer qu’il reste maîtrisé. Ces étapes sont regroupées en quatre grandes phases :
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Phase |
Grandes lignes |
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1 |
Idée |
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Formalisation |
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3 |
Réalisation |
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4 |
Déploiement |
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Les quatre phases fondamentales d’un projet
Aucun projet ne peut déboucher sur un succès s’il manque l’une de ces phases fondamentales. Une erreur courante est de faire commencer le projet à la phase 3 : amorcer la réalisation sans validation formelle de la direction et sans réelle formalisation de ce qui doit être accompli. Et souvent, la phase 4 n’est faite qu’à moitié : il n’est pas prévu de formation ni de support aux utilisateurs.
Les phases fondamentales comprennent à leur tour différentes étapes pour que le projet aboutisse :

Les quatre phases et les différentes étapes d’un projet réussi
Nous allons approfondir chaque...