Conclusion
Épilogue
Que signifie comprendre l’informatique ? Est-ce savoir coder, maîtriser un langage, comprendre comment fonctionne une base de données ou déployer un algorithme d’apprentissage automatique ? Sans doute un peu de tout cela, mais pas uniquement. Comprendre l’informatique, au sens profond, c’est comprendre un langage de pensée. C’est appréhender le monde comme un ensemble de problèmes formalisables, transformables, modélisables, puis solubles, parfois, à l’aide d’une machine.
Ce second volume a tenté d’explorer cette facette moins tangible, mais fondamentale, de l’univers numérique : celle des concepts, des structures intellectuelles et des cadres théoriques. Là où le premier livre décrivait les architectures matérielles, les réseaux, les systèmes d’exploitation et la programmation logicielle, celui-ci s’est attaché à l’infrastructure invisible de l’informatique - celle que l’on ne voit pas, mais sans laquelle rien ne fonctionnerait.
Nous avons d’abord posé les fondements : l’algorithmique, la logique, les structures de données et la complexité. Nous avons vu que tout système informatique, aussi moderne soit-il, repose sur des idées d’une élégance mathématique parfois ancienne, mais toujours actuelle. Nous avons montré que derrière chaque tri, chaque recherche, chaque optimisation, il y a un algorithme - et derrière chaque algorithme, une classe de complexité, une limite, une intuition sur ce qui peut être calculé et dans quelles conditions.
Nous avons ensuite exploré la cryptographie, non pas comme une simple technique, mais comme une science nourrie d’algèbre, de théorie des nombres et de calculs. Elle nous a permis d’appréhender les notions de sécurité, de confidentialité, d’authenticité - piliers invisibles de l’informatique moderne. Elle a aussi révélé une tension permanente : entre ouverture et protection, entre transparence des algorithmes et opacité des clés, entre puissance...
En conclusion
L’informatique, en tant que discipline technique (par opposition à scientifique), a connu des périodes d’accélération lorsque des architectures novatrices ont été adoptées. Les systèmes d’exploitation, autrefois des couches logicielles minimales pour faire fonctionner des machines rudimentaires, sont devenus de véritables plateformes de gestion multiprocessus, adaptées à la gestion de tâches complexes dans des environnements distribués. L’évolution de ces systèmes, d’Unix à Windows, puis à Linux et Android, a permis une modularité accrue, une flexibilité extrême dans l’usage des machines, et a donné naissance aux écosystèmes d’applications, d’outils et de services que nous connaissons aujourd’hui.
Plus récemment, la convergence de ces technologies avec l’explosion des volumes de données a donné naissance au phénomène du Big Data. L’analyse de ces masses de données aurait été inimaginable sans les infrastructures massivement parallèles, les architectures distribuées et les bases de données non relationnelles (NoSQL). Cette interconnexion des systèmes et la capacité à gérer d’immenses ensembles de données en temps réel ont ouvert la voie à des applications dans des secteurs aussi divers que la médecine, la finance, ou encore l’industrie manufacturière. Le Big Data, associé aux capacités de calcul des architectures cloud, a fait entrer l’informatique dans une nouvelle ère, où la donnée est devenue l’or noir du XXIe siècle.
Cependant, la véritable révolution...
Derniers mots de l’auteur
Si vous avez parcouru ce volume après avoir lu son compagnon, L’informatique - Des transistors aux microservices, alors vous avez effectué un voyage en deux dimensions : à la fois dans la matière et dans l’idée, dans la machine et dans la théorie. Un voyage qui relie le transistor au modèle de Turing, le registre à la complexité algorithmique, le paquet réseau à la théorie de l’information, le microservice à l’apprentissage profond.
Si vous n’avez lu que celui-ci, vous avez déjà vu l’essentiel : l’informatique comme science. Et peut-être ce regard vous donne-t-il envie de revenir au système, à la machine et au langage bas niveau, pour mieux comprendre comment toutes ces idées s’incarnent.
Dans un sens comme dans l’autre, l’important est de se souvenir que l’informatique n’est pas un bloc monolithique. Elle est un réseau d’idées, un tissu de techniques, une alliance de précision et d’imagination. Elle est un pont entre disciplines. Elle est une fenêtre ouverte sur ce que l’esprit humain peut produire de plus abstrait - et de plus concret.
Ce livre se referme, mais la discipline, elle, continue d’évoluer. Et peut-être, si cette lecture a éveillé...